Coronavirus

Vaccination contre le coronavirus : Johnson&Johnson… et Johnson ? Faut-il doubler la dose ?

© Gettyimages

On appelle cela l’échappement vaccinal. En anglais, les infections de "breakthrough". Des personnes qui déclenchent une infection symptomatique au SARS-CoV-2, confirmée biologiquement par test PCR, ou antigénique, après la date d’acquisition supposée d’une immunité vaccinale. En France, l’AFMPS a fixé ce laps de temps à 21 jours suivant l’injection de la dose unique de vaccin de Janssen (Johnson et Johnson).

Surreprésentation J&J

C’est ainsi que nos voisins français ont noté une surreprésentation de patients vaccinés avec le vaccin de Janssen (Johnson & Johnson) parmi les patients vaccinés et hospitalisés pour Covid-19 en réanimation. Cette surreprésentation a été signalée par le Centre Régional de Pharmacovigilance de Marseille et par celui de Tours.

L’Agence des médicaments française, l’ANSM, a donc analysé 32 cas d’échec de la vaccination anti-Covid-19 avec le vaccin Janssen, à la date du 26 août 2021. 29 de ces cas étaient graves (91%) et 3 non graves (9%). Ceci représente un taux d’échecs notifiés de 3,78 pour 100.000 personnes vaccinées avec Johnson et Johnson. L’âge médian des patients était de 68 ans.

Parmi les 29 cas graves, 2 patients, âgés de 87 et 76 ans, sont décédés des suites de la Covid-19 ; 14 patients ont été pris en charge en réanimation/soins intensifs ; et les 13 autres ont été hospitalisés. Suite à une mise à jour à la date du 31 août, 2 patients de 73 et 82 ans comptabilisés dans les 13 hospitalisés sont également décédés, ce qui porte le nombre de décès à 4.

Parmi l’ensemble des 32 cas, le variant est connu dans 17 cas et correspond au variant delta.

Et en Belgique ?

Sciensano consacre son rapport du 18 août dernier aux épisodes d’échappement vaccinal. Les données s’étalent cependant sur une longue période, depuis le 1er janvier 2021 jusqu’au 8 août, un laps de temps durant lequel la proportion de non vaccinés était encore très importante.

Sur 19.723 patients Covid-19 hospitalisés enregistrés, 416 étaient totalement immunisés, tous vaccins confondus. Parmi ces patients-là, 13 avaient reçu du Johnson & Johnson, 14 de l’AstraZeneca, 19 du Moderna, et 370 du Pfizer. Il faut cependant rapporter ces chiffres bruts qui ne veulent rien dire en soi, à la quantité de patients totalement vaccinés en Belgique, pour chacun de ces produits, à la date du 8 août. Le vaccin le plus administré, de loin, était déjà le Pfizer, avec plus de 5 millions de vaccinés complets. Le vaccin de Johnson & Johnson était le moins administré (338.004 doses uniques au 8 août). Ceci donne un taux d’incidence "d’échec" arrêtée à cette date de 7,2 pour 100.000 pour Pfizer, contre 3,8 pour Johnson & Johnson.

Comparaison impossible

Mais comparaison n’est pas raison : d’abord, parce qu’on travaille sur de très petits chiffres, partiels, arrêtés le 8 août. Ensuite, parce que ce ne sont pas les mêmes publics qui ont été touchés par les différents vaccins : Pfizer, vaccin à ARN messager en deux doses, a été administré dès le début de la campagne de vaccination, à des populations âgées, puis à comorbidités, pour ensuite être étendu au grand public. Johnson & Johnson est arrivé plus tard, et a été octroyé aux personnes ne pouvant facilement être contactées qu’une fois, comme les personnes sans domicile fixe, avant d’être, après une interruption, étendu à nouveau aux jeunes moyennant consentement éclairé, grâce à de nombreux points de vaccination mobiles comme les vaccibus.

Un autre élément qui vient perturber la comparaison est le délai écoulé depuis l’administration de chaque vaccin dans la campagne de vaccination en Belgique, qui a démarré avec Pfizer. Ce temps qui passe depuis l’immunité, et l’arrivée d’un variant delta plus contagieux, à la charge virale plus élevée, peuvent également biaiser toute forme de mise en regard des épisodes de percée vaccinale, par type de vaccin.

Un vaccin qui reste efficace

Dans les essais cliniques de phase 3, Janssen avait testé deux options pour son vaccin : en une ou deux doses. Il s’avérait plus efficace dans la version double, mais bien assez en version mono dose. C’est la raison de son autorisation de mise sur le marché sous cette forme en Europe.

Il faudra encore d’autres analyses et du temps pour savoir si une 2e dose de Johnson & Johnson est nécessaire. Ce débat se situe dans le contexte plus large de l’administration de doses de rappel à certains publics immunodéprimés ou à comorbidités, comme la Belgique l’a déjà décidé pour les premiers, dans le cas des vaccins à deux doses à ARN messager.

Journal télévisé du 14/09/21

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