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Valérie Glatigny : "Quand on a des sportifs qui se lèvent pour défendre des causes, ça a un impact décisif sur nos jeunes "

Valérie Glatigny, la ministre en charge des sports en Fédération Wallonie-Bruxelles était l’invitée de Stéphanie Lepage dans le cadre de la séquence "Droit de Suite" de Matin Première.

En 2016, la plateforme Rising track avait été créée pour aider les sportifs à trouver les fonds nécessaires pour pouvoir performer au plus haut niveau, à défaut de pouvoir les trouver auprès des instances publiques. Mais 5 ans plus tard, est-ce toujours le règne de la débrouille pour financer les sportifs de haut niveau ? Les politiques ont-elles évolué ? Quels sont les objectifs à long terme de ces investissements ?

Le contexte : des financements participatifs, à défaut de financements publics

Pour rappel, la plateforme Rising track avait été créée par quatre hockeyeurs belges dont deux internationaux. Alors que ceux-ci constataient les difficultés de nombreux sportifs à trouver les fonds nécessaires pour pouvoir performer au plus haut niveau.

Depuis plus de 120 sportifs ou équipes ont fait appel à la plateforme pour chercher le soutien financier qu’ils ne trouvaient pas – ou du moins pas en suffisance – auprès des instances publiques.

Ce fut notamment le cas de Charline Van Snick, double championne d’Europe de judo, qui en 2016, deux mois et demi avant les JO de Rio, avait lancé un appel au financement participatif sur Rising Track. 

Une réalité dont les athlètes se passeraient bien

Peu avant son départ pour Tokyo, Fanny Smets, meilleure perchiste belge, expliquait qu’elle avait, elle aussi, dû faire appel à des plateformes de crowdfunding en 2016 et 2019 pour financer ses préparations.

Elle dit avoir eu aussi la chance de pouvoir compter sur sa famille pour financer l’achat de perches, le salaire de son entraîneur, ses trajets vers les entraînements.
Un financement alternatif qui lui fut d’autant plus utile ces dernières années qu’elle ne bénéficie pas d’un contrat ADEPS. Elle n’est pas rémunérée par la fédération Wallonie e
t ce, malgré un parcours fructueux. Depuis 2017, elle a enchaîné avec 2 records de Belgique améliorés, deux participations aux Championnats du monde et maintenant une qualification au JO.

In extremis, cette année elle a quand même pu décrocher une bourse via l’ADEPS et sa fédération mais elle n’est toujours pas reconnue comme athlète professionnelle.

Les athlètes doivent-ils toujours tirer leur plan en 2021 ?

Pour Valérie Glatigny, même si on peut toujours faire mieux, il y a déjà toute une série d’outils mis en place. Elle souligne également l’importance de l’investissement dans la préparation pour les JO de 2024.

"On a 76 sportifs de haut niveau sous contrat, c’est 6 de plus qu’en 2020 et il y en a de plus en plus. On a 1860 sportifs qui ont un statut reconnu. Il faut rappeler aussi qu’il y a des critères qui sont déterminés par les fédérations en concertation avec l’administration et il faut par exemple pouvoir faire des résultats aux championnats d’Europe et mondiaux, donc il y a des critères objectivés pour soutenir nos sportifs de haut niveau.

Après on peut toujours faire mieux. On a maintenant 1 million et demi supplémentaire pour les plans programmes. Et ce sont des financements qui sont mis à disposition des 45 fédérations pour qu’elles puissent développer le sport de haut niveau.

Nous venons aussi de pérenniser notre plan jeune talent pour le foot et de l’étendre à d’autres disciplines.

Nous soutenons également le programme " Be Gold " qui sert à la préparation des athlètes. On sait que ça se travaille à l’avance la participation aux JO, donc on est déjà en train de préparer les JO de Paris. C’est une planification de long terme, " Be Gold " c’est un budget de 500.000 €.

Au total le soutien au sport de haut niveau en Fédération Wallonie Bruxelles c’est environ 15 millions d’euros.

Il faut aussi mentionner la cellule d’aide à la performance sportive, une cellule qui aide les sportifs dans leur préparation. Il y a toute une série d’outils qui sont accessibles."

15 millions d’euros, moins d’1% du budget de la Fédération Wallonie-Bruxelles pour le sport, trop peu ?

"On peut toujours faire davantage, il faut travailler sur d’autres facteurs, notamment le sport amateur. On sait que c’est la base de la pyramide du sport de haut niveau. C’est pourquoi il faut travailler sur une professionnalisation des clubs et des fédérations, pour amener davantage de jeunes talents à l’éclosion.

On est train d’assister à l’éclosion de ces talents et on a cette grande chance en Fédération Wallonie-Bruxelles, d’avoir beaucoup de jeunes qui performent. Je pense que c’est tout l’intérêt d’un subventionnement public, c’est le retour sur investissement en termes de santé publique. On sait que quelqu’un comme Nafissatou Thiam draine vers la pratique sportive."

 

Investir dans le sport, investir dans des valeurs

Pour la ministre, c’est un des retours sur investissement le plus important : les valeurs que le sport transmet : " Investir dans le sport pour drainer des valeurs sociétales, c’est capital. On l’a vu avec le message d’Axel Wistel après les inondations, un message d’empathie, un message qui porte des valeurs positives.

Comme ce qui s’est passé avec le stade à Munich, on aurait souhaité qu’il puisse être illuminé aux couleurs de l’arc-en-ciel pour protester contre la législation homophobe en Hongrie. Quand on a des sportifs qui se lèvent pour défendre des causes ça a un impact décisif sur nos jeunes, parce que le sport c’est un langage universel, immédiatement accessible. C’est pour ça que nous soutenons aussi nos athlètes."

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