Belgique

Vers un problème d’approvisionnement en électricité pour l’hiver 2025-2026 ? Des réacteurs nucléaires pourraient être prolongés de quelques mois

Sécurité électrique : Faut-il prolonger toutes les centrales ?

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C’est dans trois ans mais il vaut mieux déjà se poser la question. La sécurité d’approvisionnement en électricité est-elle menacée pour l’hiver 2025-2026 ? Le gouvernement fédéral se penchera ce mercredi 7 décembre en soirée sur un nouveau rapport d’Elia, le gestionnaire du réseau de transport d’électricité à haute tension, et sur un rapport de Fluxys, le gestionnaire du réseau de gaz. Ces opérateurs ont été amenés à réévaluer les risques pour l’approvisionnement énergétique du pays en fonction des dernières informations, les conséquences de la guerre en Ukraine et l’indisponibilité d’une bonne partie du parc nucléaire français, notamment. Quel est le scénario actuel pour cet hiver 2025-2026 ? Pourquoi serait-il plus risqué que prévu ? Quelles seraient les solutions sur la table ?

Quel est le scénario actuel pour l’hiver 2025-2026

Puisque la Belgique s’est engagée sur la voie de la sortie du nucléaire à l’horizon 2025. On savait déjà que l’hiver 2025-2026 serait un hiver particulier puisqu’en théorie l’arrêt des sept réacteurs nucléaires que compte la Belgique a été programmé avant cette échéance. Ce devrait donc être un hiver sans centrales nucléaires opérationnelles sur le sol belge.

Le réacteur de Doel 3 est déjà à l’arrêt depuis cet automne.

Celui de Tihange 2 le sera à partir du 1er février 2023.

L’arrêt du réacteur de Doel 1 est programmé pour le 15 février 2025.

Tihange 1 cessera de fonctionner le 1er octobre 2025

Doel 2 s’arrêtera le 1er décembre 2025.

Les deux derniers réacteurs, les plus récents, devaient aussi s’arrêter en 2025, Doel 4 (le 1er juillet 2025) et Tihange 3 (le 1er septembre 2025), mais le gouvernement fédéral s’est mis d’accord pour prolonger ces deux réacteurs de dix ans. Les négociations sont toujours en cours avec l’opérateur, Engie. Cette prolongation et ses modalités ne sont donc pas encore totalement bétonnées.

Dans tous les cas, la prolongation des réacteurs de Doel 4 et Tihange 3 devrait être précédée d’une période d’arrêt des centrales afin de procéder à des travaux nécessaires si l’on veut assurer le fonctionnement de ces installations pendant dix années supplémentaires. A priori, cet arrêt interviendrait à partir de la fin de l’été 2025. Les deux réacteurs nucléaires seraient à nouveau disponibles au plus tôt juste avant l’hiver 2026-2026, voire à la fin de celui-ci.

Pour compenser l’arrêt de ces centrales, le gouvernement a imaginé un mécanisme, le CRM, qui incite les opérateurs à investir dans des moyens de productions alternatifs. A ce stade, deux projets de centrales au gaz sont confirmés, une unité de Luminus à Seraing et une autre d’Engie aux Awirs. Un autre projet d’Engie à Vilvoorde est très compromis car le gouvernement flamand a refusé le permis.

 

Pourquoi ce scénario est-il aujourd’hui jugé plus risqué que prévu ?

Ce scénario qui, lorsqu’il a été imaginé, pouvait tenir la route serait aujourd’hui jugé plus risqué.

On l’a dit, bien que l’on souhaite prolonger deux réacteurs nucléaires, Doel 4 et Tihange 3, au-delà de 2025, tout n’est pas encore tranché entre le gouvernement et Electrabel. De plus, avant de prolonger ces réacteurs pour dix ans, il faudra prévoir des travaux. Dans l’état actuel du scénario, ces deux réacteurs ne seraient pas disponibles pour l’hiver 2025-2026.

Un autre problème se situe en France. Actuellement, quasi la moitié des centrales nucléaires françaises sont à l’arrêt en raison de leur vétusté. Tout porte à croire que la situation ne s’arrangera pas d’ici l’hiver 2025-2026 et que la France, traditionnellement grande exportatrice d’électricité, ne sera pas en mesure d’alimenter ses voisins européens, dont la Belgique qui comptait sur cette électricité pour assurer son équilibre énergétique.

 

Quelles sont les solutions sur la table du gouvernement pour assurer l’approvisionnement énergétique au cours de l’hiver 2025-2026 ?

Face à cette inquiétude pour l’hiver 2025-2026, des solutions sont sur la table du gouvernement.

Du côté de la ministre de l’Energie, on avance la possibilité de prolonger des réacteurs qui devraient s’arrêter au cours de l’été 2025. Pendant cet été-là, ces réacteurs seraient mis au repos, histoire d’économiser les combustibles. Ils seraient relancés à l’approche de l’hiver et leur arrêt définitif serait différé de quelques mois, une fois l’hiver terminé.

Dans cette optique, on pourrait ne pas arrêter tout de suite Doel 3 et Tihange 4 et les utiliser jusqu’à la fin de l’hiver 2025-2026. Cependant, ce scénario impliquerait de reporter les travaux nécessaires à la prolongation de ces deux centrales pour dix ans. Ils risqueraient donc d’être indisponibles lors de l’hiver suivant, 2026-2027. Autre solution envisageable, on prolongerait de quelques mois, voire plus, la durée de vie des autres réacteurs, Doel 1, Doel 2 ou Tihange 1 pour leur permettre d’être opérationnels au cours de l’hiver 2025-2026.

Autre option sur la table du gouvernement fédéral, c’est d’accélérer la construction d’une nouvelle centrale au gaz. A Tessenderlo, l’entreprise TDS a d’ailleurs un projet en ce sens qui a obtenu le feu vert de la ministre flamande de l’Environnement. Ce projet n’aurait toutefois pas les faveurs de la ministre fédérale de l’Energie.

 

 

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