Le mâle alpha dans le viseur, les Viagra Boys mettent leurs idéaux en musique avec un brin de folie qui fait toute la différence. Sur son deuxième album studio, le groupe de Stockholm manie en effet les clichés rock’n’roll avec un sens aiguisé de l’ironie, mais sans effusion de testostérone. C’est le coup parfait. Enregistré aux côtés de Matt Sweeney (Run the Jewels) et finalisé en compagnie de Pelle Gunnerfeldt et Daniel Fagerström (The Hives, The Knife), Walfare Jazz secoue le cocotier avec des bongos, un saxophone et une belle collection de synthés. Sous cet attirail de Village People, les treize morceaux du disque imposent un groove hanté, électrique, fascinant. Dans le genre, le single Creatures est une tuerie absolue. Un peu comme si Nick Cave délaissait les Bad Seeds le temps d’une soirée disco avec Fever Ray. L’ombre d’Iggy Pop plane également d’un bout à l’autre de l’album. Puissant, engagé, Walfare Jazz rend aussi un bel hommage à John Prine, héros de la country emporté par le coronavirus au printemps dernier. Dans un final époustouflant, Sebastian Murphy reprend le titre In Spite of Ourselves aux côtés d’Amy Taylor (Amyl and the Sniffers). Poignant.