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Viagra Boys: un groupe de rock remonté et terriblement sexy

Viagra Boys, un collectif tourné vers l'avenir.

© Fredrik Bengtsson

Par Nicolas Alsteen via

Débraillé et salutaire, le nouvel album des Viagra Boys dépoussière l’histoire du rock en contournant les clichés. Chez ces Suédois, la musique est un défouloir, une machine de guerre, un bulldozer conçu pour détruire le racisme, démolir le patriarcat et déboulonner la culture de l’ego-trip. Énorme chantier, grand disque.

"Quand les morceaux du nouvel album ont été écrits, j'étais dans une relation à long terme", retrace dans un communiqué Sebastian Murphy, chanteur tatoué des Viagra Boys. "À l’époque, je prenais de la drogue tous les jours et j'étais un sacré connard. Quand j’ai réalisé tout ça, il était trop tard... Une grande partie du disque parle de mes mauvais choix." Sincère, l’artiste n’y va pas avec le dos de la cuillère. Son autocritique est violente, sa remise en question totale. En cela, Walfare Jazz n'est pas qu’un simple album. C’est une cure de désintoxe, un mea-culpa, une catharsis chauffée au sarcasme et à l’humour noir. Un fameux bazar. Le mieux dans tout ça ? C’est que l’autoflagellation du chanteur est constructive, ultra positive. Sans jamais se lamenter sur son sort, il brosse un autoportrait drôle, haut en couleur.

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Héritiers de Nick Cave et Iggy Pop

Le mâle alpha dans le viseur, les Viagra Boys mettent leurs idéaux en musique avec un brin de folie qui fait toute la différence. Sur son deuxième album studio, le groupe de Stockholm manie en effet les clichés rock’n’roll avec un sens aiguisé de l’ironie, mais sans effusion de testostérone. C’est le coup parfait. Enregistré aux côtés de Matt Sweeney (Run the Jewels) et finalisé en compagnie de Pelle Gunnerfeldt et Daniel Fagerström (The Hives, The Knife), Walfare Jazz secoue le cocotier avec des bongos, un saxophone et une belle collection de synthés. Sous cet attirail de Village People, les treize morceaux du disque imposent un groove hanté, électrique, fascinant. Dans le genre, le single Creatures est une tuerie absolue. Un peu comme si Nick Cave délaissait les Bad Seeds le temps d’une soirée disco avec Fever Ray. L’ombre d’Iggy Pop plane également d’un bout à l’autre de l’album. Puissant, engagé, Walfare Jazz rend aussi un bel hommage à John Prine, héros de la country emporté par le coronavirus au printemps dernier. Dans un final époustouflant, Sebastian Murphy reprend le titre In Spite of Ourselves aux côtés d’Amy Taylor (Amyl and the Sniffers). Poignant.

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De l’ombre à la lumière

En modifiant les codes du post-punk et en remodelant l’ADN du rock, les Viagra Boys redonnent de la vigueur à un genre qui, ces dernières années, s’activait à l’ombre du grand cirque médiatique. Le rock n’est jamais mort, il suffisait juste de chercher un peu. Aujourd’hui, avec des groupes comme les Viagra Boys, IDLES, Crack Cloud, Warmduscher, Fontaines D.C., King Gizzard and the Lizard Wizard et tant d’autres, l’affaire se joue à l’avant-plan et sans nostalgie.

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