Mary Amelia St. Clair, qui écrira sous le pseudonyme de May Sinclair, avait dû subvenir très tôt aux besoins de ses cinq frères après la mort de leur père. Elle avait donc un regard à la fois mordant et compatissant pour ces femmes de la bonne société anglaise, corsetées de toutes les manières, et qui se croyaient à l’abri.
Suffragette au début du 20e siècle et membre de la Women Writers' Suffrage League, une ligue d’écrivaines pour le droit de vote des femmes, installée au Grande Bretagne, May Sinclair est une féministe avant l’heure. Durant la Première Guerre mondiale, elle se porte volontaire et devient infirmière sur le front belge durant plusieurs semaines et rentrera par la suite en Angleterre pour collecter des fonds afin de permettre à cette initiative de perdurer durant la guerre. Après la guerre, elle se consacre à l’écriture de ses livres et est en parallèle critique littéraire, quand elle ne se plonge pas dans ses autres intérêts, comme la psychologie.
May Sinclair est peu traduite mais, on peut l’apparenter à Edith Wharton, Kate Chopin ou Henry James qui ont aussi dépeint l’hypocrisie mortifère de cette bourgeoisie coincée dans des principes désuets, soumise aux pères en décalage complet avec le désir d’émancipation des femmes de leur sensualité et de leur intelligence. Ce n’est pas tout à fait le cas d’Harriett.