Même si une partie de l'île reste classée zone protégée, ce développement éclair inquiète. "Phuket a mis des années à grandir mais le Vietnam a tendance à vouloir tout faire d'un seul coup", déplore Ken Atkinson. "Je ne pense pas que l'on accorde suffisamment d'attention à ce qui serait dans l'intérêt à long terme de Phu Quoc."
Les eaux cristallines regorgent de récifs coralliens et les plages étaient autrefois des lieux de ponte plébiscités par les tortues vertes et les tortues imbriquées, des espèces menacées. Aucune nidification n'a eu lieu ces dernières années, relevait l'UNESCO en 2018.
Et les déchets plastiques engendrés par le tourisme ont déjà eu un effet désastreux sur l'écosystème. Avant la pandémie, environ 160 tonnes d'ordures étaient générées chaque jour, d'après le Fonds mondial pour la nature (WWF). L'organisation dénonçait "un déluge presque inimaginable de plastique" qui menaçait la vie marine.
Elle mettait en garde contre une gestion des déchets "inadaptée" face à l'explosion du tourisme.
"De plus en plus de visiteurs sont conscients de l'environnement, ils ne voudront pas se rendre sur des plages jonchées de détritus ou se baigner dans une mer polluée par les eaux usées", prévient Ken Atkinson.
Mais les habitants, coupés de la manne financière des touristes étrangers depuis des mois, ont hâte de voir les affaires repartir. "Si Phu Quoc ne se développait pas, ce ne serait qu'une perle non découverte", estime Chu Dinh Duc, qui a monté une petite structure hôtelière à l'écart des gigantesques resorts.
Lai Chi Phuc, guide touristique, attend aussi avec impatience le retour des visiteurs. "Tout le monde voulait s'échapper de Phu Quoc quand j'étais enfant", se souvient le jeune homme de 33 ans, parti longtemps travailler sur le continent. "Grâce aux touristes, j'ai pu enfin revenir dans mon île."