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Politique

Vincent Van Peteghem : "On doit tout faire pour donner un salaire net plus haut aux travailleurs"

L'invité: Le ministre des Finances, Vincent Van Peteghem

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Par Marine Lambrecht, sur base d'une interview de Thomas Gadisseux

Il a le pouvoir de faire baisser notre feuille d’impôt. Le ministre fédéral des finances, Vincent Van Peteghem (CD&V) était l’invité de la matinale ce lundi sur la Première. Il prépare une grande réforme fiscale dont l’objectif est de doper le pouvoir d’achat des Belges. Il y a quelques mois, le gouvernement a décidé de baisser la TVA sur le gaz et l’électricité. Mais comment financer cette mesure ? Sachant qu’il reste un trou budgétaire de 3 milliards d’euros, faut-il encore compenser cette mesure sur la TVA ? Une des pistes évoquées est une réforme sur les accises.

"Pour le moment, on a déjà fait une réduction de 21% à 6% sur le gaz et l’électricité jusqu’à mars 2023. Mais on doit regarder l’évolution des prix", explique Vincent Van Peteghem. Si les prix sont assez bas, dit-il, le gouvernement réduira définitivement la TVA sur le gaz et l’électricité à 6%. Concrètement, cela veut dire que la situation sera évaluée en fonction de l’évolution des prix et que la réduction permanente de la TVA sur le gaz et l’électricité n’est pas garantie.

En parallèle, le gouvernement prévoit une réforme sur les accises pour l’électricité et le gaz. "Elle est nécessaire, parce qu’avec la TVA, on a seulement deux possibilités : 6% et 21%. Avec les accises, on a plus d’options politiques. Et si les prix augmentent à nouveau, on peut réduire la facture en réduisant les accises."

Une réforme qui permet aussi de compenser le coût de la diminution de la TVA ? "On doit bien sûr aussi regarder nos budgets et avoir un financement durable", reconnaît le vice-Premier ministre. Il cite un exemple : " La réduction des accises en août et en septembre représente déjà une diminution de la facture de 500 euros par an". Selon lui, "ce système fonctionne".

La Belgique, un des pires élèves en matière de rigueur budgétaire

Il n’empêche, le financement de cette réforme fiscale reste flou. Ce qui explique peut-être la différence entre le "scénario du pire", présenté par l’ancienne secrétaire d’Etat au Budget, Eva De Bleeker (Open Vld) et le scénario plus optimiste du Premier ministre, Alexander De Croo.

Ce flou ne rassure pas l’Europe, car la Belgique est déjà pointée du doigt pour sa politique budgétaire. "Pour l’instant, les règles européennes ne sont pas nécessaires", rappelle Vincent Van Peteghem. En effet, la Commission européenne a activé en 2020 "The general escape clause", qui à l’origine, permettait aux Etats de mettre de côté les règles budgétaires pour prendre les mesures nécessaires pour traverser la pandémie de Covid-19. "Nous sommes à présent dans une crise énergétique et du pouvoir d’achat. L’Europe et le gouvernement belge ont décidé de soutenir les familles et les célibataires en les aidant à payer leurs factures", se défend le vice-Premier ministre.

Mais la Belgique n’est pas le seul pays à avoir mis en place des mesures d’aides. Les autres gouvernements européens ont aussi débloqué des budgets pour aider leur population, sans autant creuser leur déficit que la Belgique. "C’est la raison pour laquelle nous avons besoin de réformes structurelles. Notre déficit n’existe pas seulement parce que nous aidons la population aujourd’hui, mais parce qu’il est structurel", affirme-t-il. "La seule manière de le résoudre, c’est de faire des réformes dans les pensions, sur le marché du travail, mais aussi dans la fiscalité."

Dans un contexte de crise, ces réformes semblent difficiles à mener. "Aujourd’hui, on doit tourner la page et se demander ce qu’on peut faire pour être plus qu’un gouvernement de crise", poursuit-il.

Aujourd’hui, on doit tourner la page et se demander ce qu’on peut faire pour être plus qu’un gouvernement de crise.

Cibler les impôts sur le travail

Vincent Van Peteghem l’explique, cette réforme est une épure. Et elle cible particulièrement les impôts sur le travail. "Aujourd’hui, on est les champions du monde des impôts sur le travail. On doit tout faire pour donner un salaire net plus haut aux travailleurs". Pour cela, il faut changer certaines choses. "Par exemple, la différence entre les célibataires et les familles, mais aussi encourager les choix sains et durables." C’est pourquoi, la réforme prévoit aussi de supprimer la TVA sur les fruits et les légumes.

In fine, cette réforme veut augmenter les salaires, via la feuille d’impôts, sans diminuer la compétitivité. Avec dans le viseur les négociations entre les entreprises et les syndicats, particulièrement tendues ces dernières semaines : "Si vous voulez aider les gens en donnant un salaire net plus haut, la réforme fiscale est la solution", affirme Vincent Van Peteghem.

Autre proposition : la quantité exemptée d’impôts passerait de 9.000 à 13.000 euros. Une façon de donner à tout le monde une aide égale, petits et gros salaires compris. D’après Vincent Van Peteghem, cette proposition aurait été bien reçue par tous les partis du gouvernement. "Aussi bien les libéraux que les socialistes et les verts", dit-il. "C’est une proposition équilibrée."

Taxer les revenus locatifs

Pour finir, le gouvernement vise aussi les revenus locatifs. "Nous voulons évoluer vers un système plus équitable", affirme Vincent Van Peteghem. Celui-ci veut aussi encourager les rénovations des biens locatifs pour aider les ménages à traverser la crise énergétique. "Nous rendrons ces travaux déductibles d’impôts", précise-t-il.

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