Belgique

Vingt-neuf policiers anversois devant le tribunal pour racisme et harcèlement, un "dossier écrasant"

"Ce serait drôle si ces singes prenaient sur leur gueule par les gars de l’armée" (à propos de la jeunesse de Molenbeek), "Mettez une bombe dans son cul" (à propos d’un collègue gay), "Ils ne voulaient comprendre qu’une langue !!! Poing poing poing poing" (à propos des musulmans).

Voilà quelques exemples de messages pour lesquels vingt-neuf agents de la police locale d’Anvers et du corps de sécurité du service public fédéral Justice sont poursuivis pour racisme et harcèlement en ligne.

Les faits remontent aux années 2015 et 2016. À l’époque, les policiers, à l’origine de ces messages, sont chargés de la surveillance et du transport des prisonniers. Ces policiers utilisaient un groupe WhatsApp interne à leur service pour envoyer leurs messages. À bout, victimes de racisme et de harcèlement, plusieurs de leurs collègues ont dénoncé les faits. Six ans après ces plaintes, vingt-neuf policiers doivent aujourd’hui répondre de leurs actes devant le tribunal.

Des témoignages chocs

Les témoignages des collègues sont édifiants. Parmi les faits rapportés, il y a ces photos d’un policier souffrant d’une crise d’épilepsie qui ont été tournées au ridicule, ces collègues issus de l’immigration moqués pour leur couleur de peau ou encore cet agent avec un stimulateur cardiaque à propos duquel on a écrit ceci : "Travailles-tu ici parce qu’ils ont dû augmenter le pourcentage de personnes handicapées à la Justice ?". Plusieurs collègues ont souffert de ce harcèlement. L’un d’eux a même tenté de se suicider à deux reprises.

Les policiers s’en prenaient également aux détenus qu’ils devaient emmener au palais de justice. Non seulement des commentaires racistes, mais aussi des violences physiques, a rapporté un collègue.

Les faits ont été rendus publics en mars 2017, via un article de presse du quotidien flamand De Standaard. Jusqu’à cette date, il n’y avait qu’une enquête à la supervision interne de la police d’Anvers, suite à une lettre écrite par cinq policiers à leurs superviseurs en septembre 2016, pour dénoncer les faits dont ils étaient victimes. Une enquête judiciaire a ensuite été ouverte suite à une plainte de la Ligue des droits humains. Le Comité P, l'organe de contrôle des services de police, s'est, lui aussi, saisi du dossier. 

Les prévenus parlent de blagues

Lors d’une audience devant la chambre du conseil en 2021, les prévenus n’ont pas nié les faits, mais ont expliqué que rien de tout cela était sérieux. Selon eux, les messages étaient des blagues.

La Ligue des droits humains, qui intervient dans ce procès, parle d’un "dossier écrasant", tant les faits sont graves. Plusieurs collègues évoquent des blessures psychologiques graves, pour eux et leur famille.

Depuis la révélation de ces faits, certains policiers ont été licenciés pour d’autres infractions. L’enquête disciplinaire, elle, a été suspendue, dans l’attente du procès.

Deux prévenus, considérés comme instigateurs, encourent une peine de douze mois de prison, dont la moitié effective, et une amende de 600 euros. Pour les autres prévenus, des peines de prison de six à douze mois avec sursis ont été requises et une amende de 600 euros.

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