Mathilde (prénom d’emprunt) a elle aussi subi des violences économiques et le non-versement de la pension alimentaire. Elle se souvient : "Il refusait que je travaille. Moi, j’aurais bien aimé, j’ai eu des entretiens d’embauche mais il s’arrangeait à chaque fois pour que je n’y aille pas. Je n’avais pas droit au chômage, j’étais complètement dépendante de lui. Il m’a dit qu’il m’avait ‘fait’ notre fils pour que je me calme et que je reste à la maison. Un jour, je lui ai demandé 5 euros pour aller chercher des serviettes menstruelles. Il a refusé, il m’a dit de me débrouiller. Il ne nous donnait pas grand-chose pour manger non plus, je me souviens avoir déposé uniquement de la soupe sur la table de mes enfants, sans pain… je ne mangeais presque rien car je donnais la priorité à mes enfants. Lui, il mangeait dehors, il passait toujours en coup de vent. J’ai vécu 13 ans avec lui, je suis divorcée depuis 5 ans."
Elle explique subir "beaucoup de violences" lors de leur mariage, elle porte plainte en 2016, puis à nouveau en 2017, cette fois-ci dans un Centre de Prise en charge des Violences Sexuelles. "Il a été estimé que j’étais en grand danger et les enfants aussi, on a enclenché une procédure de séparation en urgence. Mais il était propriétaire avec moi de la maison et il a donc des droits. Un juge a décidé qu’il pouvait y rester encore deux mois. Sans le sou, j’ai dû me débrouiller avec mes enfants, et être hébergée chez des amies."
Un jugement de 2018 fixe le montant d’une pension alimentaire pour leurs deux enfants. "Il a beaucoup rechigné pour la payer et il ne l’a souvent pas payé du tout. Je ne veux pas que mes enfants pâtissent de cette situation, je veux qu’ils continuent à pratiquer un sport, à avoir des activités. J’ai été obligée de trouver des solutions toute seule."
Son ex-mari se montre "inconstant" dans la garde des enfants, elle finit par demander et recevoir la garde exclusive. “Il avait toujours des imprévus au moment où il devait venir chercher notre fils. Je ne pouvais jamais rien prévoir ! Je ne pouvais pas avancer dans ma vie. Mon ex-mari continue aujourd’hui à me harceler pour que je retourne avec lui. Les violences n’ont jamais vraiment cessé."
Il refusait que je travaille. Moi, j’aurais bien aimé.
Mathilde fait les comptes : "J’ai déboursé 1400 euros en frais d’huissier pour récupérer 600 euros de pension alimentaire… Actuellement, il me doit encore 1600 euros. Et ce que j’ai dépensé en énergie n’est pas calculable. A propos du SECAL, ce sont des démarches administratives que je n’ai pas réussi à faire. Ça a été très compliqué pour une amie à moi. J’ai décidé d’investir mon énergie ailleurs."
En 2020, une tempête abîme la corniche de sa maison, il y a des infiltrations d’eau. Elle a réussi à percevoir 1200 euros de l’assurance pour les réparations. "Mais c’était la rentrée des classes et mon plus petit rentrait en primaire. C’est différent de la maternelle, il y a beaucoup de frais en plus, et je n’avais pas perçu de pension alimentaire ce mois-là. J’ai utilisé cet argent pour ne pas priver mon fils. Aujourd’hui, les choses se sont aggravées pour ma maison, et je ne recevrai plus d’argent de l’assurance."