La Trois

Violences familiales - que faire quand un enfant est en danger ?

4 min

Par Vanessa Klak

La violence intrafamiliale sur les enfants, une forme de maltraitance très répandue et souvent invisible. Amplifiée par le récent confinement lié à la pandémie de Covid 19: de nombreux enfants se sont retrouvés enfermés 24h/24 avec leur-s tortionnaire-s. Des dégâts souvent considérables sur leur construction, comme le montre le documentaire "Bouche cousue" qui sera diffusé lundi 18 octobre à 20h35 sur La Trois. Mais il est possible d'agir: plusieurs solutions s'offrent à vous pour enrayer les violences familiales.

La violence familiale, c'est quoi?

La violence familiale, c'est quand un membre de la famille a un comportement abusif sur un.e ou plusieurs autres membres du foyer. Le but est de contrôler et de faire du tort à l’autre personne (conjoint.e, partenaire, enfant, parent) : nuire, diminuer, isoler, manipuler, dominer, faire taire, punir, rendre dépendant, etc.

La maltraitance peut prendre différentes formes : physique, psychologique, sexuelle, financière, ainsi que de l’ordre de la négligence.

Quelques exemples de violences intrafamiliales:

violences entre partenaires
violences sur enfants
viol conjugal
aliénation parentale
privation de nourriture
"oubli" des traitements médicaux
mariage forcé
maltraitance des aînés
manipulation, etc.

La violence habituelle souvent banalisée

Il se peut qu’un acte violent n’ait lieu qu’une seule fois. Mais il se peut aussi que la violence soit quotidienne, répétée et qu’elle devienne de la maltraitance. On parle alors de " violences habituelles " et, quand les enfants la vivent depuis la toute petite enfance, il arrive souvent qu’ils et elles pensent que ce qui se passe est normal.

C’est seulement plus tard, quand les enfants sont scolarisés et voient comment ça se passe chez leurs copains, copines, qu’ils et elles comprennent. Non, ça ne se passe pas partout comme ça et, non, ce n’est pas normal.

Et les conséquences des violences (de tous types) sur les enfants sont graves, et parfois même fatales.

En France, 1 enfant meurt tous les 4 jours sous les coups de ses parents

Une petite fille avec le mot STOP écrit sur la main. © Esther Moreno Martinez / EyeEm via Getty Images

Que faire si on suspecte, si on est témoin ou victime de violences sur enfant ?

Si l’enfant est en danger grave et imminent, n’hésitez jamais à contacter la police (101)
SOS-Enfants : centres de confiance en cas de maltraitance ou de suspicion de maltraitance. Si vous connaissez un enfant victime de maltraitance physique ou psychologique, vous pouvez contacter l’équipe SOS-Enfants de votre région

Le 103 est une ligne téléphonique accessible 7j/7 de 10h à minuit pour les enfants et adolescent.e.s qui ont besoin d'aide ou besoin de parler.

Le 103 : Numéro d’Ecoute-Enfants, gratuit et anonyme 7j/7 de 10h à minuit, pour tous les enfants et adolescents qui ont besoin de parler, de se confier, qui se sentent mal ou vivent des situations difficiles. Ou pour toute personne qui s’inquiète pour un enfant ou un adolescent.

Brochure explicative de l’ONE sur SOS-Enfants à l’attention des professionnels.
Brochure "Que faire si je suis confronté à une situation de maltraitance d’enfant?" destinée aux professionnels : médecins, éducateurs, enseignants, animateurs, ONE, psychologues, assistants sociaux et intervenants des centres PMS et PSE, des SSM, des CPAS, des écoles, etc.
CPVS, centre de prise en charge des violences sexuelles : 320, rue Haute à 1000 Bruxelles. Accessible au 02 535 45 42, ouvert 24h/24 7j/7 pour toutes les victimes de violences sexuelles ou SOS VIOL 0800 98 100.
Yapaka.be donne aussi des idées de marche à suivre en cas d’inquiétude d’une situation de maltraitance infantile.

L'aliénation parentale, autre forme de maltraitance

Métaphore de violences sur enfants. Grand méchant loup crie sur petit chaperon rouge.

Concept controversé, l’aliénation parentale n’en est pas moins bien réelle dans certains cas. Selon le site très clair et didactique de Carrefour Aliénation Parentale Québec, le phénomène maltraitant se définit comme suit : "il s’agit d’un phénomène dans lequel un des parents se livre à des comportements aliénants (influençant l’esprit de l’enfant) afin de favoriser chez lui le rejet injustifié et la désaffection de l’autre parent".

On parle d’aliénation parentale quand le discours de manipulation entraîne effectivement une détérioration de la relation entre l’enfant et le parent ciblé, voire une rupture de la relation.

Enfant prostrée, illustration de violences ou de manipulation parentale.

Encore plus triste: l’enfant, qui est entièrement victime de son parent, participe malgré lui au phénomène d’aliénation. Le discours du parent aliénant est en effet tellement ancré chez l’enfant qu’il a fini par se l'approprier.

Dès lors, chaque événement désagréable, le plus souvent anodin, qui a lieu entre l’enfant et le parent ciblé devient une preuve supplémentaire pour l’enfant de la difficulté, voire de la nuisance de leur relation. Ainsi, plus aucune remarque, plus aucune limite n’est acceptée par l’enfant et le parent ciblé n’a plus la possibilité d’exercer son rôle de parent.

L’enfant, quant à lui, pour se défaire de cette pression constante et pour fuir le conflit de loyauté, n’a d’autre choix que de prendre à tous les coups le parti du parent aliénant. Et de fuir le parent ciblé, qu’il ou elle finit par prendre pour un monstre. Ce qui est extrêmement problématique, puisque chaque minute passée avec le parent aliénant renforce son emprise sur l’enfant, et dès lors, le rejet injustifié de l’autre parent.

►►► A écouter pour plus d'informations: Emission Transversales sur La Première en avril 2021- L'aliénation parentale, concept controversé

NB: La notion d’aliénation parentale est controversée, notamment car elle sert souvent d’argument de défense en justice pour les parents coupables de violences sur enfants. Alors que l’aliénation parentale est aussi une forme de maltraitance grave. Il est parfois difficile de démêler le faux du vrai.

►►► A lire aussi: Pour en finir avec le syndrôme d'aliénation parentale

"Bouche cousue" : un documentaire à ne surtout pas manquer sur La Trois

Affiche du documentaire "Bouche cousue" de Karine Dusfour sur les violences infligées aux enfants.

A travers les auditions d'un juge des enfants et la parole d'enfants victimes devenus adultes, le film raconte les impacts d'une violence invisible et inconnue de nous, les adultes. Il décrit les effets de ces violences intrafamiliales sur le parcours d'une vie. Comment survivre à son enfance volée et quel adulte devenir ? Où sont les blessures ? Le jeune âge ne protège pas des traumatismes. Au contraire.

"Bouche cousue", un documentaire de Karine Dusfour.

A voir lundi 18 octobre à 20h35 sur La Trois

Et à revoir sur Auvio.