Un constat qui n’étonne cependant pas Bernard Devos, le délégué général aux droits de l’enfant. "On sait qu’il y a toute une série de problème avec des mineurs qui sont en situation de fragilité et qui ne vont pas porter plainte. Ce sont des chiffres gris que personne ne veut voir et qu’il faut voir car c’est un vrai problème."
Selon Médecins du Monde, les cas de violences enregistrées chez les mineurs d’âge sont de même nature que ceux subis par des migrants adultes. Un non-sens pour Pierre Verberen : "C’est un fait surprenant et assez inquiétant qu’il n’y ait aucune différenciation (…) Cela signifie que la police ne fait pas la distinction alors qu’un mineur doit par nature être protégé".
Racket et vols de médicaments
A côté des violences physiques, l’ONG a constaté des cas de racket sur migrants. Des vols qui dans certains cas concernent des médicaments. Pour Louisa Abdelhafidh, les conséquences pour les migrants qui nécessitent un traitement peuvent être lourdes.
"Le cas dont je me souviens le mieux concernait une jeune fille qui devait subir une IVG (Interruption Volontaire de Grossesse). Avant de subir son IVG, elle devait prendre un médicament. Ils lui ont confisqué ce médicament ce qui a retardé et compliqué la prise en charge de son IVG."
Il faut une réaction politique, judiciaire et de gestion
Au total, l’ONG a interrogé 440 migrants dont 110 ont fait état de violences policières. Et parmi eux, 27% des mineurs. Sans vouloir "tirer sur l’ambulance", Médecins du Monde estime que le nombre de cas fait état d’un véritable problème structurel au sein de la police.
"Il faut que la commission de l’intérieur qui surveille les polices se saisisse de ce rapport. Il faut aussi une suite de management. Ca signifie que les commissaires de police, qui sont désireux de supprimer cette violence, fassent en sorte que leur personnel soit formé. Enfin, il faut une suite judiciaire. C’est-à-dire qu’un procureur se saisisse de l’affaire et investigue sur la question."
De son côté, Jan Jambon, le ministre de l’Intérieur renvoie vers le Comité P, la police des polices en charge de traiter les cas de violences policières. Le Comité P qui renvoie lui-même au parquet. Le parquet de Bruxelles indique, lui, qu’une dizaine de dossiers ont été ouverts en 2017.