"Cette résurgence de la violence entre Israéliens et Palestiniens s’inscrit dans une situation délétère", estime Didier Billion, directeur adjoint de l’IRIS (l’Institut des relations internationales et stratégiques).
Depuis plusieurs jours, c’est l’escalade. Jeudi, un raid israélien à Jénine a fait dix morts. S’en est suivi des tirs de roquettes de Gaza vers Israel, puis des frappes israéliennes. En représailles, l’une des deux attaques palestiniennes à Jérusalem-Est a fait sept morts.
Le mode opératoire interpelle : un enfant de 13 ans a tiré avec une arme à feu. Du jamais vu. On n'est pas ici dans des attaques au couteau ou des voitures bélier.
"La population palestinienne est très jeune", observe Ines Abdel Razek, directrice de l’association Palestine Institute for Public Diplomacy (PIPD). "C’est une jeunesse qui n’a connu que la violence, dans un environnement annexé à la merci du régime israélien et qui n’a pas les mêmes droits que les citoyens israéliens. Une jeunesse qui se sent abandonnée à la fois par les autorités palestiniennes et par la communauté internationale".
Une nouvelle forme de combat
Le combat des Palestiniens n’est pas nouveau, "c’est la forme qui est nouvelle", analyse Didier Billion. "On n’a plus à faire à un groupe organisé, structuré et centralisé comme l’OLP, le FPLP ou le Hamas, où il y avait une logique. Aujourd’hui, ils ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes", constate-t-il. "Là, les réactions individuelles sont devenues incontrôlables".
A côté de ces actions individuelles, des groupes armés sont capables de rassembler plusieurs dizaines de jeunes et se procurer des armes. Ils sont très vite démantelés par les services de renseignements israéliens et par l’armée.
"Une grande partie de la population palestinienne et notamment les jeunes sont désespérés de la situation", insiste Didier Billion. "Ils ne voient aucun avenir. L’Autorité palestinienne est déconnectée des réalités sociales de son propre territoire. Dès lors, les jeunes n’ont plus que des solutions de désespoir".
Les deux attaques se sont produites à Jérusalem-Est, un territoire palestinien annexé par Israel depuis 1967. Doit-on y voir des actions dirigées contre l’occupation ? "Quand on voit le mouvement de colonisation progresser chaque jour, on peut comprendre, sans justifier cette violence, que ce sont des lieux de confrontations physiques", analyse encore Didier Billion.
Et de prévenir : "Il y aura encore de la violence dans ces lieux d’occupation, on ne peut pas la séparer du processus de colonisation".