Climatisation en panne, insectes, défaut sécuritaire
"Vous devez enlever vos babouches !", ordonne Jean-Marie Konde Kinkela, expert en conservation préventive, avant d’entrer dans l’une des deux salles de réserve du musée. Il a appris le métier en Corée du Sud.
Devant nous, six longues rangées d’étagères à plusieurs niveaux, remplies d’œuvres. Des masques, des statues, des sculptures, des instruments de musiques, des objets coutumiers représentatifs de différentes provinces du pays, datant du siècle dernier ou du 19ème siècle … Tous, soigneusement alignés les uns à côté des autres. Un véritable trésor.
"Cette réserve abrite 9002 œuvres", commence Jean-Marie Konde Kinkela. "Là, ce sont des statues pende, de la province du Bandundu. Ici des statues hamba, de la province du Katanga et ça se sont des nattes du Congo central…", énumère-t-il. "Elles sont protégées de la poussière par du papier polystyrène".
Dans cette réserve, il n’y pas un grain de poussière, pas un gramme de saleté. Le conservateur en chef montre tous les outils d’entretien et de nettoyage : masques, gants, pinceaux à poils durs, pinceaux à poils souples… "Les ennemis des œuvres, ce sont la poussière, les insectes, l’humidité, l’inondation, le tremblement de terre, le feu…", explique-t-il.
Ces œuvres sont contaminées par des insectes. En principe, elles ne devraient pas se trouver là
Jean-Marie Konde Kinkela nous montre un boitier "Testo", un appareil qui mesure la température et le taux d’humidité de la pièce. Et là, dans cette salle de réserve, il fait très chaud, 28 degrés. La climatisation ne fonctionne pas. "Le problème ici, ce sont les coupures électriques à répétition", déplore le conservateur. Les pannes sont récurrentes.
A long terme, les températures élevées ont un effet néfaste sur les œuvres, d’autant plus que cela attire les insectes. "Tous les trois mois, nous pulvérisons des insecticides dans tout le bâtiment", explique encore Jean-Marie Konde Kinkela. Le conservateur montre aussi un appareil "Bio air", capable de piéger les insectes.
Dans un coin de la réserve, Jean-Marie Konde Kinkela montre des œuvres qui ont été restituées par un Algérien. "Elles sont contaminées par des insectes. En principe, elles ne devraient pas se trouver là". Le musée de dispose pas de salle de quarantaine, permettant d’isoler les œuvres contaminées par les insectes. Alors, Jean-Marie Konde Kinkela les met à part, dans la salle de réserve. "Je me limite à faire de la conservation préventive, en attendant que l’équipe de restauration vienne chercher ces œuvres".
Pour assurer la sécurité des œuvres contre le vol, le bâtiment est équipé de quelques caméras de surveillance. Il n’y a pas d’alarme. Le conservateur se veut rassurant : "Le ministère de l’intérieur est situé en face du musée, et cela a un pouvoir de dissuasion non négligeable". Une défaillance pour la sécurité des oeuvres.