C’est une première. Le président israélien Isaac Herzog est en visite aux Emirats arabes unis. Il est accompagné par son épouse Michal. Une visite de deux jours à l’invitation du prince héritier d'Abou Dhabi, Mohammed ben Zayed. Jamais auparavant un président israélien n’avait foulé ce sol.
Le Premier ministre Naftali Bennett l’avait précédé en décembre pour "approfondir la coopération" entre les deux pays "dans tous les domaines". Le président israélien lui, a une fonction essentiellement honorifique, cérémonielle. Avant son départ, il affirmait apporter "un message de paix pour toute la région".
Une première "historique" donc, qui marque une nouvelle étape dans le rapprochement entre l'Etat hébreu et ce pays arabe du Golfe. Les Émirats arabes unis font partie des quatre pays avec Bahreïn, le Soudan et le Maroc à avoir entrepris de normaliser leurs relations avec Israël sous l’impulsion de Donal Trump, dans le cadre des accords dits d'Abraham signés le 15 septembre 2020.
A peine arrivé, le président israélien a tenu une "réunion de travail" avec le ministre des Affaires étrangères, Abdallah ben Zayed Al-Nahyane. L’objectif est de "renforcer les liens" avec ce pays du Golfe. De quoi s’agit-il ?
La sécurité de la Communauté juive et des Israéliens aux Emirats
"La petite communauté juive présente aux Emirats arabes unis, qui a gagné en visibilité depuis fin 2018, fait d’une certaine manière le lien dans cette dynamique de rapprochement entre les deux pays", souligne David Rigoulet-Roze, chercheur à l’Institut des relations internationales stratégiques (IRIS). "Avec en arrière-plan les enjeux stratégiques et sécuritaires. Bien que ces aspects relèvent de la compétence du Premier ministre israélien et ont fait l’objet de discussions étroites lors de la visite de Naftali Bennett en décembre dernier, le président israélien vient appuyer le processus à l’œuvre avec un message résolument œcuménique".
La communauté juive établie dans ce pays arabe de 10 millions d’habitants est estimée à un bon millier de membres. Américains, sud-africains, britanniques, français ou russes, ils viennent de toutes les franges du judaïsme. Jusqu’en 2018, cette communauté n’était encore qu’un groupe informel, qui se réunissait discrètement chaque semaine dans un lieu sûr pour célébrer le shabbat. Des réunions qui n’auraient pas pu avoir lieu sans l’aval des autorités.
Désormais, cette communauté est représentée par deux organismes : le Jewish Council of the Emirates (JCE) et le Jewish Community Center of UAE.
Il y a aussi les touristes Israéliens qui viennent par centaines sur les plages ensoleillées de la pétromonarchie et qui normalisant le port de la kippa dans tous les lieux publics. Dubaï est devenue une destination phare dans le tourisme casher, aux côtés de Miami ou Eilat.
Rien de tout cela n’aurait été possible sans les accords d’Abraham, qui ont officialisé la romance qui couvait depuis longtemps entre Israël et les Émirats arabes unis. Une des pétromonarchies qui cherche à donner l’image d’un pays qui promeut la coexistence pacifique entre les religions. A ce titre, Abu Dhabi devrait bientôt ouvrir une ‘Maison de la famille abrahamique’ qui réunira sur un même site une église, une mosquée et une synagogue.