Pendant un moment, ils penchent : on les appelle les "arbres ivres". Puis le sol finit de se dérober sous leurs racines. Alors, ils finissent par tomber. Les experts appellent ce phénomène des hautes latitudes le "thermokarst".
Ces affaissements de terrain qui provoquent de profondes dépressions avant de faire basculer les arbres sont dus à la déstabilisation du permafrost (ce sous-sol qui reste gelé en permanence deux ans consécutifs) sur lequel repose une partie de la forêt boréale.
"Avec le dégel du permafrost, vous avez le potentiel pour de grands changements", s'inquiète Diana Stralberg, chercheuse à Edmonton dans l'ouest canadien pour le ministère des Ressources naturelles.
"Ces zones sont soudain inondées et perdent des forêts pour devenir des tourbières ou des lacs", explique-t-elle.
Tandis que dans le sol en dégel, les bactéries décomposent la biomasse stockée pendant des milliers d'années, entraînant des émissions de dioxyde de carbone et de méthane, gaz à effet de serre, qui à leur tour accélèrent le réchauffement climatique.
Ailleurs, dans le nord de la forêt boréale, les arbres colonisent la toundra, où ils trouvent dorénavant des conditions plus propices à leur développement.
Récemment, des scientifiques ont découvert que des épicéas blancs s'étaient déplacés vers le nord de l'Alaska dans une région de la toundra arctique qui n'avait pas connu de tels arbres depuis des millénaires. Ils avanceraient à un rythme de quatre kilomètres en une décennie.
En parallèle, au sud, la forêt boréale s'assèche rapidement pour se transformer en hautes herbes et en arbustes.