Question de la N-VA : Quelle est la position du premier ministre sur le port de signes "convictionnels" par un commissaire du gouvernement ?
Réponse d’Alexander De Croo, premier ministre (en néerlandais) : La décision en question a été prise il y a déjà un mois. Entre-temps, la commissaire du gouvernement a déjà participé à une réunion. Ce point a été discuté en comité ministériel restreint aujourd’hui et aucun parti du gouvernement ne s’est opposé à cette nomination. (Verbatim)
Limpide.
Bille en tête
Pourtant, le MR a fait de cette nomination un problème politique. Le député Denis Ducarme remettait même en cause son soutien à la majorité et plus singulièrement à la secrétaire d’État Sarah Schlitz.
Et cela, ce n’était rien par rapport à l’indignation du président du MR face à cette nomination. Georges-Louis Bouchez dénonçait un choix de son partenaire Ecolo et se désolidarisait de ce choix qui impliquait pourtant l’ensemble du gouvernement, comme toute décision ministérielle.
Avec le refus du gouvernement bruxellois de contester le port du voile à la STIB, un nouveau champ de confrontation politique s’ouvrait. Mais au moment de contester la nomination au gouvernement fédéral, plus personne ?
Poussé sans doute quelque peu, le ministre Clarinval désavouait son propre chef de gouvernement !
Cela se déchirait entre les bleus, contraignant Alexander De Croo à revenir de nuit devant les députés qui tenaient à tirer cet épisode au clair. Le Premier Ministre ne pouvait évidemment que confirmer ses propos. Il ne pouvait se déjuger. Mais cet épisode laissera des traces dans la coalition fédérale.
Tête à queue
Ecolo a mis le MR et son président devant le fait accompli. Couleuvre difficile à avaler. Cela n’en restera pas là. Et malgré une situation sanitaire fragile, une relance à consolider et la pire crise socio-économique à gérer, la coalition pourrait très bien terminer dans le décor. Le MR sauce Bouchez s’est isolé, même l’allié libéral flamand commence à en avoir de l’urticaire. Si en Wallonie et en Fédération Wallonie-Bruxelles, les représentants MR font le gros dos et maintiennent des relations cordiales avec les partenaires de coalition, il n’en va pas de même au fédéral.
Le débat sur les signes convictionnels reviendra. Le MR rumine sa revanche. Et non sans raison, il compte remettre sur la table la question et l’aborder sous l’angle législatif. Soit le débat que la classe politique belge a toujours bien pris bien soin d’éviter depuis plus de trente ans.
Puisse effectivement revenir le temps du débat sur un réel enjeu de société et du " vivre ensemble ". Il n’est pas sûr toutefois que les partis de la coalition fédérale actuelle (au-delà du MR) y tiennent particulièrement. Les priorités sont ailleurs et les divergences internes trop douloureuses.