Si, lorsqu’on parle d’aventure, on pense souvent à Indiana Jones ou aux romans de Jules Verne, il existe tout un pan de la littérature d’aventure "au féminin" sous-estimée et peu mis en avant. C’est de ces récits que Sarah Théry nous parle dans sa chronique "coup de cœur".
Littérature et voyage au féminin
Nous allons suivre les pérégrinations d’aventurières qui feraient pâlir Indiana Jones. De l’aventure au féminin, une part importante de la littérature assez oubliée dans un monde où l’exploration est l’apanage des hommes en quête de solitude et d’absolu.
Coincée chez elle durant le second confinement, c’est par hasard que Sarah Théry est tombée sur des récits de voyage d’autrices, qui l’ont accompagnée durant l’automne et l’hiver derniers.
Des femmes d’hier et d’aujourd’hui qui sont partis seules, à deux ou en groupe, à pieds, en voiture, à vélo, à dos de cheval ou de chameau pour découvrir le monde, des paysages inexplorés et des cultures méconnues. Du XVIIIe siècle à nos jours, de la cordillère des Andes aux plaines sahariennes en passant par les steppes mongoles et la jungle indienne, ces curieuses, ces intrépides, ces exploratrices, ces anthropologues racontent leurs histoires et nous donnent à voir le monde différemment. Des livres à découvrir et à dévorer pendant notre été !
Beaucoup de ces récits de voyages féminins ne sont, malheureusement, plus réédités. Dans son enthousiasme, Sarah Théry a donc fait réimprimer des livres conservés à la Bibliothèque nationale de France et pratiqué ses langues étrangères en lisant tour à tour des récits en anglais, en allemand ou en espagnol.
Des plaines désertiques du Sahara jusqu’à la région interdite du Lhassa
Pour les amatrices et amateurs de grands espaces, Sarah Théry vous conseille Le Sel du désert, récit de voyage de la Bretonne Odette du Puigaudeau, qui, grâce à son obstination en 1935 à embarquer dans le monde 100% masculin de l’Azalaï, la caravane de sel qui traversait le Sahara. Une plongée dans un monde aride, une ode à cette étendue aussi hostile que fascinante et un cri d’amour à ceux sans qui cette traversée n’aurait pas été possible, les chameaux. Un récit qui donne tout de suite envie de faire son sac et de partir à la découverte de ces dunes de sables.
Feuilletez les premières pages du récit.
Et pour celles et ceux qui préfèrent les polars, vous pouvez vous plonger dans le Voyage d’une Parisienne à Lhassa, un récit dense mais très bien écrit qui nous maintient en haleine. En 1924, Alexandra David-Néel est en effet la première étrangère à pénétrer dans la ville sainte de Lhassa. Anthropologue polyglotte, elle connaît bien la région, ses us et coutumes et elle se déguise en pèlerine pour effectuer ce voyage à la barbe des autorités chinoises qui ont fermé la région. Le plus de ce livre est que son autrice arrive véritablement à communiquer et à comprendre les populations qui l’entourent et ses récits ne sont pas teintés de l’ethnocentrisme blanc, pour ne pas dire le racisme de l’époque. Un beau portrait d’un monde méconnu et c’est probablement le véritable coup de cœur de l’année de Sarah Théry.
Nellie Bly, celle qui battit le record de Philéas Fogg
Et pour les adeptes du rire, courez acheter le Tour du Monde en 72 jours de Nellie Bly, cette pionnière du journalisme d’investigation qui a décidé 1889 à 24 ans de battre le record littéraire de Philéas Fogg en faisant le tour du monde en moins de 80 jours. Une véritable course contre la montre, une saga publiée dans le New York World, le journal de Pulitzer et qui maintiendra l’Amérique en haleine en faisant de Nellie une véritable star. On rit beaucoup des portraits des hommes et des femmes qu’elle donne de son époque, un regard acéré et sarcastique qu’elle pose aussi sur elle-même pour notre plus grand bonheur. Attention cependant, Nellie est une jeune femme de son époque et il nous arrive d’avoir des haut-le-cœur en lisant les descriptions de ceux qu’elle appelle les "autochtones". Un livre truculent à replacer dans son contexte historique.