La Wallonie n’en finit plus de tenter de panser ses plaies. Aujourd’hui, celles des inondations comme hier celles de son déclin économique dont elle ne se remet toujours pas. Comme une espèce de fatalité. Mais au moment où elle célèbre sa fête institutionnelle, elle renoue aussi avec ses valeurs de solidarité. Des valeurs, il faut le noter en ces moments de tensions entre partis, que partagent les trois principales familles politiques du sud du pays. Une région rare en Europe, sans nationalisme, sans extrême-droite.
Aides pour tous
La Wallonie a pris la décision d’aider les sinistrés. Coûte que coûte. Question de solidarité.
Le gouvernement wallon a d’abord négocié avec les compagnies d’assurances, qui ont accepté de porter leur contribution de 19 à 38% d’indemnisation. Désormais, tous les assurés se verront indemnisés complètement, grâce à l’agent public. Les plus précarisés, souvent non-assurés, percevront aussi une indemnisation, moindre parce que le gouvernement wallon tenait à marquer une différence.
Dans le même ordre d’idée, les entreprises touchées se verront aidées pour ce que leurs assurances ne couvraient pas.
Tout cela représente trois milliards. Pour commencer. Cela vient s’ajouter aux sommes débloquées pour venir à une économie déjà touchée par la crise sanitaire. Le gouvernement wallon a pris ses responsabilités. Il restera à en assumer le coût colossal. C’est cela aussi le prix de la solidarité et d’un pari sur l’avenir.
Le fédéral au balcon
La Wallonie n’a pas été la seule région touchée. Les inondations ont ainsi dévasté également la Rhénanie voisine. Pourtant nettement plus riche, celle-ci peut compter sur l’aide de l’État fédéral : Berlin prend la moitié de la facture à sa charge. Ici, au-delà de l’aide ponctuelle de la Défense ou de l’Intérieur, rien. Le gouvernement fédéral reste absent. Aucune mesure concrète. Aucune réunion particulière. Pourtant l’an dernier quand il y a quelques échauffourées à la côte, on fait revenir les députés en plein été. Ici, on en vient presque à se demander si le gouvernement fédéral se serait comporté de la même manière avec une catastrophe naturelle en Flandre. Pourtant, un élan de solidarité spontané est venu du nord du pays : des citoyens, pas des institutions.
La Wallonie ne peut compter que sur elle-même, engager des moyens dont elle ne dispose pas vraiment.
Les fêtes de Wallonie arrivent, le cœur sera-t-il pour autant à la fête ?