L’annonce est brutale et douloureuse. Jeudi dernier, le gouvernement wallon a décidé de supprimer les chèques coworking. Une décision entrée en application deux jours plus tard. Sans période de transition. "Ces chèques existaient depuis 2017, explique Fred Wins, le responsable de l’espace de coworking de Charleroi Entreprendre. En 5 ans, quelques 350 de ces chèques ont permis à nos adhérents de bénéficier d’une réduction de 80% des frais d’abonnement à nos services. Tout seul on va plus vite. Ensemble, on va plus loin, c’est la philosophie du coworking". Les espaces de coworking sont des structures qui offrent aux porteurs de projets, à tous ceux qui souhaitent créer leur activité et se lancer dans la jungle des très petits indépendants des espaces de travail mais aussi un encadrement et surtout un lieu d’échange.
Impossible sans ces aides
France Maloteaux a lancé son activité dans la communication et le marketing en février dernier. Un projet qu’elle a élaboré et développé au coworking de Charleroi Entreprendre. "Le coworking offre des espaces professionnels tant pour travailler que pour recevoir ses premiers clients. Mais c’est surtout un lieu d’émulation et d’échanges. Entre jeunes novices dans le monde indépendant, on partage les idées et les compétences. On bénéficie d’un regard extérieur sur notre projet. On se crée un réseau et on rencontre nos premiers clients potentiels. Sans ces chèques, malheureusement, je pourrai plus me permettre cette dépense". L’abonnement trimestriel aux espaces et services de Charleroi Entreprendre coûte un peu plus de 500 euros.
Une décision difficile mais indispensable
La Wallonie propose différentes formes de chèques pour les entreprises. Au cours de l’année écoulée, elle a délivré plus de 2000 chèques "création", quelques 920 chèques "croissance" et seulement 161 chèques "coworking". "Le gouvernement s’est fixé un objectif d’économies de 250 millions d’euros, explique Willy Borsus, ministre wallon de l’économie. On ne peut malheureusement pas aider tout le monde tout le temps. Ce n’est évidemment pas une décision prise de gaieté de cœur. Parmi les différents chèques disponibles, les chèques coworking étaient les moins sollicités. Il a donc été décidé de les supprimer. Je souhaite être parfaitement transparent. Nous devons revoir les priorités. C’était l’aide la moins sollicitée". Quand à l’entrée en vigueur immédiate de cette décision, le ministre ajoute qu’en termes d’économie, dans le contexte budgétaire difficile de la Wallonie, un jour est un jour.
Coup de massue
"Si je peux entendre les raisons budgétaires, c’est la brutalité qui fait mal. Avec une période de latence, certains auraient pu s’organiser, dit Fred Wins. Mes pensées, elles vont à ces gens qui se lancent dans l’entreprenariat, qui comptaient sur ces chèques et qui ne pourront plus en bénéficier". Quand à France, la jeune indépendante, elle doit se résoudre, la mort dans l’âme, à revoir la fréquence de ses visites au coworking : "l’abonnement trimestriel au tarif plein, je ne pourrai pas me le permettre. J’irai sans doute de temps en temps, à la journée. Et je veillerai à entretenir, en dehors de la structure, les rencontres et le réseau que le coworking m’a permis de constituer. Je déteste l’injustice et je trouve cette décision injuste".