Dans la lutte contre les trafiquants de drogue, le mardi 26 octobre 2021 fera date. Très tôt ce matin, plus de 1000 policiers fédéraux se sont déployés, principalement en région bruxelloise, pour procéder à l’interpellation de dizaines de suspects et entamer des fouilles approfondies de nombreux bâtiments. Entre 120 et 130 perquisitions, lancées de manière simultanée aux alentours de 5 heures, ont été coordonnées par les autorités policières et judiciaires depuis un poste de commandement situé dans la capitale. L’appui des forces d’intervention des unités spéciales a été requis car plusieurs suspects recherchés étaient réputés dangereux et lourdement armés.
Après l’opération de grande ampleur menée contre des narcotrafiquants en province de Liège lundi dernier, c’est la seconde intervention du genre en quelques jours. Compte tenu du nombre de personnes visées, de la personnalité des truands, des lieux visités et des connexions du dossier, les moyens déployés ont été plus importants encore aujourd’hui, certains services ayant dédié le maximum de leur capacité. Le dispositif a fait l’objet de mesures de discrétion particulières afin d’éviter des fuites dont aurait pu bénéficier le milieu criminel.
Les téléphones ont de nouveau livré les secrets d’entreprises criminelles
L’intervention menée ce matin, dont la RTBF a pris en partie connaissance auprès de plusieurs sources, fait suite à de longues investigations conduites par la police judiciaire fédérale de Bruxelles en coopération avec plusieurs partenaires internationaux. Une fois encore, le décryptage de messages échangés par les criminels sur un réseau de communication supposé sécurisé a permis aux enquêteurs de réaliser des avancées décisives.
Dans ce dossier, l’infiltration des téléphones EncroChat a livré sa part de secrets. A l’été 2020, les polices française et néerlandaise ont réussi à démanteler ce système de communication crypté très largement employé par les malfaiteurs à travers le monde. Des millions de messages ont été déchiffrés. "C’est comme si nous étions à la table des criminels, en direct", commente alors la patronne de la police néerlandaise. A l’époque, en Belgique, le parquet fédéral fait savoir qu’il utilisera bien volontiers les informations recueillies par nos voisins. Sans plus de précisions. Depuis lors, c’était " silence radio " sur EncroChat, la Belgique se distinguant plutôt par le démantèlement du réseau concurrent SKY ECC. Cela dit, les dossiers sont liés car certaines organisations criminelles sont passées d’un réseau à l’autre. Les données de SKY ECC ont largement nourri les investigations bruxelloises.
La capitale, au centre d’une alliance entre mafias italienne et albanaise
Le trafic international de cocaïne est au centre des investigations diligentées par les enquêteurs bruxellois. Leur cible précise, selon nos informations : une organisation composée de divers clans liés à la mafia calabraise ‘Ndrangheta et à la mafia albanaise. La structure criminelle s’organisait depuis l’Allemagne, l’Italie et la Belgique.