C’est avec "Twin Plagues", sorti en plein confinement, que Wednesday suscite l’emballement aux États-Unis, où de nombreux médias y trouvent autant de raisons de se réjouir qu’à l’écoute des disques de Big Thief. Plus exigeant et mieux ficelé que son prédécesseur, le nouvel album de Karly Hartzman et sa bande chante la vie des banlieues, l’adolescence sur un vélo, à traverser des rues jonchées de mégots, de déchets et de préservatifs troués. Virée alternative sur les cendres du rêve américain, "Rat Saw God" formule une recette sans concession. "Sur cet album, nous sommes plus extrêmes et radicaux que jamais. D’un point de vue vocal, par exemple, je franchis certaines limites, des zones dangereuses, pas du tout confortables pour moi. Je chante des trucs qui, sur le papier, ne sont absolument pas dans mes cordes…" À cet égard, le cri poussé sur les hauteurs de "Bull Believer" n’épargne aucune sensibilité... "Il vient d'un endroit où il y a de la tristesse. Ce cri se rapporte à la perte d’un ami", révèle Karly Hartzman. "La chanson décrit la dernière nuit que nous avons passée ensemble. Quand je la joue en concert, je ne m'impose jamais de revivre ce souvenir. Je songe plutôt à la frustration accumulée au cours de la journée. Penser à la mort d’un ami sur scène, ce serait vraiment un calvaire... En revanche, pour l’enregistrement studio, j’ai tout donné. J’ai poussé un cri empli de rage, de désespoir et de douleur : un cri qui vient du cœur."