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WHO AM I l’autoportrait selon cinq photographes coréens dans le cadre du Photo Brussels Festival

Lee Jee Young, The Little Match Girl, 2008

© Lee Jee Young

Le thème du PhotoBrussels Festival de cette année est l’autoportrait. Ouvert le 26 janvier, ce mois de la photographie rassemble près de 40 galeries et centres d’art. Le Centre culturel coréen présente les œuvres de 5 artistes coréens. Quelle est l’identité coréenne aujourd’hui ? Y a-t-il un autre modèle que les jeunes gens tout lisses de la K-pop ? Les cinq photographes de l’expo WHO AM I dévoilent leurs réflexions et leurs blessures à travers des mises en scène d’eux-mêmes.

Ahn Jun, self-portrait, 2009
Ahn Jun, self-portrait, 2009 © Ahn Jun

Du portrait à l’autoréflexion

Si traditionnellement, le regard des autres était très important, avec la famille et les racines comme piliers de la société, nous dit Seok Jae-hyun, avec l’arrivée de la nouvelle génération d’artistes, la réflexion intérieure sur son identité a pris le pas. Un égocentrisme au sens premier du terme. Une démarche à l’opposé des questions d’identitaires Occidentales où les questions de genre, de race, de classe et d’orientation sexuelle dominent le débat. L’affirmation de sa " différence " (de genre, de race) face à la société.

 


 

 Lee Jee Young, Neverending Race, 2008
Lee Jee Young, Neverending Race, 2008 © Lee Jee Young

Une odyssée d’images vers l’autoréflexion, un voyage intérieur

Pour ces cinq artistes, l’autoportrait est un outil pour surmonter des blessures (Choi Young-kwi), relater des expériences ou encore exprimer des questions philosophiques sur le sens de la vie ou l’évanescence du présent (Ahn Jun). Avec une constante : la volonté. Celle de dépasser ses blessures et ses traumas. L’expression d’une énergie positive à la recherche du bonheur. Loin du binôme récurrent victime-fierté des expressions occidentales de l’identité.

Jeong Yun-soon, 2022
Jeong Yun-soon, 2022 © Jeong Yun-soon

Jeong Yun-soon est un survivant. Un accident de voiture a failli lui coûter la vie. Cet épisode l’a transformé et a aussi modifié sa pratique de l’autoportrait. La dérision et un sens de l’étrange exorcisent sa rencontre avec la mort. L’artiste, resté longtemps à l’hôpital dans la confusion et l’anxiété, conçoit son travail comme "une métaphore de la volonté de vivre", peut-on lire dans le catalogue de l’expo. Pour la série "Me, Challenge" il a construit un canoé, une arche protectrice, dans lequel il se met en scène sur les routes. "Mon travail est une métaphore de la volonté de vivre. Une forte tempête représente littéralement la vie. Je la traverserai en pagayant dans le canoë." Jeong Yun-soon utilise aussi un mannequin en silicone grandeur nature comme alter ego. "Preservation" le montre dans un frigo qui préserve l’alimentation qui lui permet de continuer à vivre et protège ce nouvel ego de toute détérioration.

Jeong Yun-soon, Preservation, 2022
Jeong Yun-soon, Preservation, 2022 © Jeong Yun-soon
Choi Young-kwi, In The Closet, 2019
Choi Young-kwi, In The Closet, 2019 © Choi Young-kwi

Choi Young-kwi a créé la série "Monologue" après la mort soudaine de son mari. Désormais seule, la photographe se met en scène dans les pièces de sa maison. Mais après la dépression vient la guérison symbolisée par la couleur blanche. La perte comme processus de transformation de soi. La photo comme outil de guérison.

Choi Young-kwi, A Mask, 2022
Choi Young-kwi, A Mask, 2022 © Choi Young-kwi
Lee Jee Young, Broken Heart, 2011
Lee Jee Young, Broken Heart, 2011 © Lee Jee Young

Lee Jee-young, qui a étudié le design et la mise en scène, créé des décors emplis de symboles, dans lesquels elle se photographie. Souvent inspirées de fables traditionnelles coréennes et d’impressions de son enfance, les images de cette série "Stage of Mind"- état d’esprit – recèlent mystère, glamour et danger. "Enfance", "Coeur brisé", "Course sans fin", autant de titres qui nous donnent un indice des émotions à l’origine de la mise en scène. Dans "Coeur brisé", Lee Jee-young met en image un proverbe coréen qui dit l’impossibilité de briser une pierre avec un œuf. Mais face à cette fatalité, la photographe ne renonce pas. "Nous devons aller de l’avant pour faire bouger les choses", dit-elle. "Même si c’est impossible, nous pouvons le faire."

Pour "Resurection", la photographe utilise la symbolique de la fleur de lotus dans la tradition coréenne : un gage de renouveau et de purification. Une fonction réelle de la plante, qui assainit l’eau.

© Tous droits réservés

L’attraction du vide selon Ahn Jun est une métaphore de l’instant éphémère et impalpable du présent. Un espace vide fulgurant entre le futur inaccessible et le passé irrécupérable. Ahn Jun exprime ce moment frontière en se mettant en scène au sommet de bâtiments, littéralement prête à tomber dans le vide.

Ahn Jun, Self-Portrait, 2009
Ahn Jun, Self-Portrait, 2009 © Ahn Jun

Selon le curateur Seok Jae-yun, l’art contemporain coréen mêle la tradition d’une culture homogène avec les influences extérieures, occidentales entre autres. Bae Chan-hyo en est l’exemple parfait avec le Projet Contes de fées qui consiste en la représentation de contes traditionnels européens. Recréant de superbes décors pour La belle et la Bête, Cendrillon ou Le Roi Grenouille, Bae Chan-hyo y apparaît toujours sous les traits de l’héroïne. Cette série est la réponse artistique à l’ostracisme et aux préjugés que le jeune homme asiatique a subis lorsqu’il étudiait aux Royaume-Uni. Bae Chan-hyo pervertit l’image et l’idéologie tout en se présentant sous les traits d’un être différent de lui-même. Préservant ainsi l’essence de son identité profonde.

En pratique :

Who Am I

Du 25 janvier au 31 mars 2023

Centre culturel coréen – rue de la Régence, 4 – 1000 Bruxelles

 

Bae Chan-hyo, Prince Frog, 2010
Bae Chan-hyo, Prince Frog, 2010 © Bae Chan-hyo

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