WRC Suède : L'image, la surprise, la déception... 6 faits marquants du rallye

Samedi. Il est 17H24 lorsque l'ouvreur Craig Breen (Ford) s'élance dans la spéciale. L'obscurité est bien présente, les rampes de phares peuvent donc briller.

Les images sont extrêmement impressionnantes, les pilotes sortant la toute grosse attaque avec des pointes de vitesse à 190 km/h.

Déjà en tête de l'épreuve, Kalle Rovanpera (Toyota) décroche le scratch avec une maitrise bluffante. Il exploite toute la puissance de son bolide à la perfection. Il reconnaitra d'ailleurs avoir roulé cette spéciale à 105% de ses capacités. Thierry Neuville (Hyundai) tient le rythme, mais doit céder quelques secondes en fin de parcours après un contact avec un mur de neige.

Le team Ford avait joliment débuté sa saison lors de la première manche au Monte-Carlo : Sébastien Loeb premier, Craig Breen troisième et Gus Greensmith cinquième.

Le génial champion français absent, on attendait malgré tout beaucoup des Puma WRC. Plusieurs fautes pour Craig Breen, des pépins mécaniques pour Adrien Fourmaux, seul Gus Greensmith est parvenu à se frayer un chemin correct sur les routes suédoises, avec une cinquième place finale et donc la quatrième au championnat.

Craig Breen, le chef de meute, doit répondre présent lorsque Sébastien Loeb est absent. Il a rencontré des difficultés à endosser ce costume. Il n'est pas parvenu à assumer pleinement les responsabilités posées sur ses épaules.

Le meilleur des pilotes Hyundai, c'est Thierry Neuville. Meilleur performeur de son équipe au Monte-Carlo (sixième place), notre compatriote a réalisé pareille performance en Suède (deuxième place).

Malmené par les pilotes Toyota, il s'est hissé à la première position vendredi soir. Retombé quatrième quand les Toy semblaient clairement prendre l'ascendant, il a pris son mal en patience, débordant ensuite Esapekka Lappi à la régulière avant de mettre la pression sur Elfyn Evans.

Stratégie, maturité, vitesse de pointe : le vrai patron chez Hyundai, c'est lui. A noter toutefois la poisse rencontrée par Ott Tanak, obligé d'abandonner après un souci avec son kit hybride. L'Estonien était dans le coup avant ce problème. Seule consolation pour lui : les cinq points glanés dans la Power Stage, les cinq premiers de sa saison. Oliver Solberg, sixième de l'épreuve, a également rencontré des soucis.

A 31 ans, Esapekka Lappi reprend du service au top niveau. Aligné en alternance avec Sébastien Ogier chez Toyota, le pilote finlandais s'est directement rappelé à nos bons souvenirs, comme celui de son unique victoire en WRC, le Rallye de Finlande 2017.

En retrait lors du shakedown, il s'est ensuite rapidement montré à son avantage, lui qui n'a disputé que trois manches l'an dernier. Aux avant-postes dès le vendredi, il semble avoir compris la mission qui l'attend : marquer des grosses unités.

Troisième sur la neige suédoise, en duel avec Thierry Neuville pour la deuxième place, il n'a pas attaqué outre-mesure dans la Power Stage, préférant assurer la récolte de quinze précieux points.

Pilote généralement discret, Elfyn Evans s'est placé... sous les feux des projecteurs samedi soir, à l'arrivée de l'ES15. A l'attaque pour tenter de résorber le retard sur son équipier Kalle Rovanpera, il franchit la ligne en escaladant un mur de neige.

Son bolide lancé, il rentre ensuite dans un poste d'éclairage (qu'il éteint) et atterrit sur un parking. Il héritera finalement d'une pénalité de dix secondes pour cet épisode mouvementé.

Sans doute contrarié par cette pénalité, déstabilisé par le fait qu'il ne peut plus viser la victoire et que le duo Thierry Neuville - Esapekka Lappi revient à quelques secondes, le pilote gallois partira à la faute dimanche matin. Avec une grosse conséquence puisqu'il sera incapable de repartir, inscrivant donc zéro unité (après 4 points pris au Monte-Carlo).

Très éprouvé après sa sixième position finale au Monte-Carlo, Thierry Neuville débarque en Suède avec une ambition mesurée : "On a progressé, je pense qu'on a trouvé quelque chose qui nous convient. La troisième place, ça serait une position réaliste ce week-end."

Le scénario de la première journée le portera à une première place "un peu inattendue". Satisfaction de jouer aux avant-postes et d'être remonté de la sixième position, déception de retomber ensuite au quatrième rang : les émotions se sont certainement entremêlées dans l'esprit de notre compatriote.

Parvenant toutefois à arracher la 2e place, il est satisfait de son entame d'année : "Malgré les complications durant la première manche, c'est un bon début de saison. La compétitivité de la voiture ce week-end, c'est prometteur."

32 unités en deux manches, la 2e place du championnat derrière Kalle Rovanpera (46) : un duel à deux semble se dessiner. Une bagarre au terme de laquelle le Belge pourrait réaliser son rêve, devenir champion du monde. Prochaine étape, le Rallye de Croatie, du 21 au 24 avril...