L'oeil sur le monde

Xi Jinping chez Vladimir Poutine à Moscou : vers des livraisons d’armes ? Ou juste des accords économiques ?

L'oeil sur le monde

Pour voir ce contenu, connectez-vous gratuitement

Le président chinois Xi Jinping est en visite à Moscou auprès du président russe Vladimir Poutine pour 3 jours. Le président chinois est arrivé hier. Les deux dirigeants ont tenu un premier tête-à-tête informel ce lundi 20 mars. Le gros du menu, c’est pour aujourd’hui mardi avec des discussions officielles en vue d’accords économiques russo-chinois.

Cette visite, comme beaucoup d’autres visites d’état, a un côté spectacle. Il est difficile à admettre dans un contexte de guerre en Ukraine, mais c’est le cas. Début de la pièce : les deux présidents se serrent les mains, et se disent qu’ils sont des amis. Et donc suspens : l’ami chinois va-t-il livrer des armes à son ami russe pour le soutenir dans son offensive en Ukraine ?

Premier scénario : Oui, les Chinois envisageraient de livrer des armes. Accusation portée par les États-Unis en février dernier, démentie par les Chinois. Pourquoi c’est possible ? Parce que Xi Jinping veut peut-être soutenir un partenaire et surtout éviter de serrer la main d’un ami qui ensuite se ferait humilier en perdant la guerre en Ukraine.

Deuxième scénario : Non, la Chine ne va pas livrer des armes. Pour plusieurs raisons : elle a présenté un plan de paix et invite à des pourparlers. La Chine critique aussi les Occidentaux qui, eux, livrent des armes à l’Ukraine. Donc dans ce cas, compliqué de soi-même livrer des armes. De plus la Chine risquerait d’être entraînée dans un conflit et subir des sanctions alors qu’elle veut certainement ménager ses partenaires économiques occidentaux.

Et on n’est pas à l’abri d’un coup de théâtre.

La position chinoise sur la guerre en Ukraine

Dans cette partie de la pièce, Xi Jinping prend un rôle d’équilibriste. Pékin ne soutient pas l’invasion russe en Ukraine officiellement, mais il ne la condamne pas non plus. Et le choix des mots est important. La Chine parle de "crise ukrainienne", elle ne parle pas d’invasion.

Ce n’est pas tout. La Chine offre un véritable appui diplomatique à la Russie depuis le début de l’invasion : la Chine s’est abstenue lors du vote sur la résolution qui appelait la Russie à retirer ses troupes d’Ukraine à l’Assemblée Générale de l’ONU (24 février 2023). Cela fait dire à plusieurs pays occidentaux que l’équilibriste chinois penche plutôt du côté de la Russie ; raison pour laquelle les Etats-Unis ont déjà annoncé qu’ils ne soutiendront pas un éventuel nouvel appel de la Chine à un cessez-le-feu.

Une relation sino-russe qui se renforce

Attention avec le choix des mots pour les acteurs : on ne parle pas d’alliance militaire puisqu’il n’y a pas ou pas encore de livraison d’arme. On parle plutôt de partenariat diplomatique et surtout de partenariat économique. C’est un des enjeux de la visite de Xi Jinping.

La Russie est de plus en plus exclue des relations économiques avec l’Occident, elle se tourne vers une partie de ce qu’on appelle le "Global South", le Sud global : l’Afrique, l’Inde, l'Amérique du Sud, la Chine. La Chine est devenue le premier acheteur de pétrole russe. Et donc le soutien chinois est de plus en plus précieux pour la Russie.

Conséquence, la relation devient de plus en plus déséquilibrée. La Russie a besoin de la Chine, beaucoup plus que la Chine a besoin de la Russie. Vladimir Poutine se retrouve dans une position de "petit frère" de Xi Jinping.

 

Poutine peut-il rééquilibrer la relation avec la Chine ?

Ce dénouement espéré par Vladimir Poutine est loin d’être évident. Le président russe est affaibli sur le plan international, il est sous le coup de sanctions occidentales, tout ne se passe pas comme prévu en Ukraine malgré ses déclarations. Il est désormais visé par un mandat d’arrêt émis par la Cour pénale internationale, accusé de déportation illégale d’enfants ukrainiens.

La tragédie russe risque donc bien d’être ce partenariat d’égal à égal désiré mais jamais obtenu par Vladimir Poutine.

Ce que la Chine aurait à gagner de ce partenariat sino-russe

La stature internationale, compter dans les relations internationales : ce serait le clou du spectacle pour Xi Jinping. La Chine vient de faciliter la réconciliation entre l’Iran et l’Arabie saoudite, elle se pose en pacificatrice. Xi Jinping se voit certainement en médiateur entre la Russie et l’Ukraine, même si les Occidentaux se montrent sceptiques.

La Russie est également précieuse pour la Chine pour faire bloc face aux Etats-Unis et montrer une opposition commune à ce qu’ils considèrent comme l’hégémonie occidentale.

Mais voilà, la Chine a-t-elle choisi le bon partenaire de scène ? La puissance russe va-t-elle se renforcer ou dans un ultime rebondissement, s’effondrer ? Tout est possible.

Inscrivez-vous aux newsletters de la RTBF

Info, sport, émissions, cinéma...Découvrez l'offre complète des newsletters de nos thématiques et restez informés de nos contenus

Articles recommandés pour vous