Des données très incomplètes
Il faut un peu fouiller, mais Sciensano précise dans son rapport de "surveillance clinique" la façon dont ces données sont collectées. C’est-à-dire via des questionnaires en ligne, remplis par les hôpitaux, MAIS PAS TOUS, et avec retard. Il ne s’agit donc pas des mêmes données sur base desquelles on communique chaque jour les admissions quotidiennes : ces données "de surveillance clinique", lancées en 2020, qui comprennent notamment l’âge, la résidence, les co-morbidités et depuis peu le statut vaccinal du patient ne sont envoyées que par la suite. Et pas partout.
Et la mise en garde, sur ce rapport, est très claire : "Il convient d’être prudent dans l’interprétation des tendances des semaines les plus récentes", et ce non seulement à cause des retards mais aussi de la taille de l’échantillon.
Dans le graphique qui rapporte la taille de l’échantillon, on peut ainsi voir que le nombre de questionnaires envisagés pour la semaine du 23 août, c’est… 41 questionnaires.
Si on reprend notre graphique et ses pourcentages, ça colle : tous les chiffres sont des multiples de 2,4%. Et 2,4%, c’est un cas sur 41. 14,3%, c’est donc en réalité… 6 cas sur 41.
Oui mais 6, c’est beaucoup quand même ?
On pourrait se dire que 6 enfants gravement atteints du Covid, ça reste beaucoup. Sauf qu’à nouveau, il faut regarder ce que désignent les données.
On apprend ainsi que les formulaires reçus concernent tous les patients à l’hôpital AVEC le Covid, et pas seulement ceux admis pour Covid. Un screening systématique a en effet été mis en place pour tester les patients entrants, et si ceux-ci révèlent un testing positif, le patient est alors repris dans la base de données "Patients avec Covid". Cela veut dire qu’un enfant admis pour une courte surveillance, un bras cassé ou une rougeole fulgurante, peut être détecté positif et apparaître dans ces données.
Un rapide coup d’oeil confirme d’ailleurs que la durée des séjours des patients de moins de 5 ans avec Covid est extrêmement courte.
Pourquoi plus d’enfants ?
On pourrait toutefois objecter que c’est le cas aussi pour les autres catégories d’âge, et que ça n’explique pas la proportion importante. Ce serait oublier que cette tranche des 0-5 ans est la seule pour laquelle il y a 0% de vacciné : c’est donc logique, dans un screening systématique, d’y détecter plus de cas de Covid.
Les taux de positivité démontrent d’ailleurs que si seuls 3,2% des plus de 65 ans testés s’avèrent positifs, 12,6% des 0 à 9 ans le sont ! Avec un variant très contagieux, et une très grosse majorité de la population adulte vaccinée, il est logique que ce soit chez les tout jeunes que le virus circule le plus.