Au printemps dernier, le gouvernement avait autorisé, sous réserve de remplir certaines conditions, la suspension des crédits hypothécaires en cours. Cette suspension a même été prolongée jusqu’à la fin de l’année pour ceux qui en ont fait la demande avant la fin septembre. En octobre, un deuxième confinement a été décrété. Cela a représenté un nouveau coup dur pour certains ménages qui ont désormais épuisé leurs moyens pour faire face à leur crédit, comme l’explique Sabine Thibaut, chargée de recherche à l’Observatoire du crédit et de l’endettement : "On a des personnes qui n’ont pas sollicité ces reports lors du premier confinement, des citoyens qui, durant la première vague, lors du premier confinement, avaient pu assumer leurs engagements en matière de crédit. Mais aujourd’hui, pour certains en tout cas, cette deuxième vague rend les choses beaucoup plus difficiles".
Lors du premier confinement, ce sont près de 120.000 crédits hypothécaires qui ont été temporairement gelés. Ça représente un montant de 2,6 milliards d’euros, c’est beaucoup pour le secteur bancaire qui, du coup, ne voit pas trop d’un bon œil une éventuelle nouvelle suspension automatique de crédits, avec comme premier argument que ce n’est pas forcément rendre service aux débiteurs que de reporter à plus tard le paiement de leurs crédits. C’est ce qu’explique Rodolphe de Pierpont, porte-parole de la Febelfin (Fédération belge du secteur financier) : "Cette réponse générale de décalage automatique pour une durée identique pour tout le monde n’est pas la meilleure réponse à chaque problème. Ça peut évidemment être, dans certaines situations, une bulle d’oxygène bienvenue, mais dans toute une série d’autres cas, ce sera préférable d’envisager d’autres solutions, voire une combinaison de solutions, avec par exemple un étalement dans le temps plus long de crédits en cours, avec des financements alternatifs ou complémentaires, par exemple avec un renforcement des fonds propres".
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Par ailleurs, pour le secteur bancaire, une nouvelle suspension des crédits pourrait aussi avoir des conséquences sur la reprise, avec des banques qui disposeraient de moins d’argent pour venir en aide aux entreprises après le déconfinement, poursuit Rodolphe de Pierpont : "Les banques doivent aujourd’hui faire attention. On n’est plus face, comme au printemps, à une crise qu’on espérait qu’elle ne durerait que quelques semaines avant un retour à la normale. Aujourd’hui, c’est très clair, on va subir les conséquences pendant de nombreux mois, voire de nombreuses années, de cette situation, et la reprise économique va être progressive. On doit donc faire attention à ce que les banques aujourd’hui, mais en anticipant aussi l’avenir, puissent continuer dans les mois à venir à accompagner les personnes et les entreprises à se financer et à permettre cette reprise".
Quoi qu’il en soit, sans feu vert des autorités européennes, il n’y aura pas de nouveau moratoire des crédits hypothécaires. La Febelfin rappelle que des solutions au cas par cas sont toujours possibles, des solutions sur mesure que l’on peut négocier directement avec son banquier pour traverser cette période de turbulences.