C’est au cœur du campus verdoyant du Sart Tilman à Liège que se loge le bureau de l’astrophysicienne Yaël Nazé. Derrière la porte, des posters d’étoiles, des ordinateurs, une belle bibliothèque. Pour cette spécialiste, l'observation des astres s’est révélée une évidence depuis toujours ou presque. "Vers 10 ans je me suis dit que j’allais faire l’astro ! Mes parents ne sont pas universitaires, mais ils m’ont soutenue dans mes projets."
En 1994, elle commence ses études d’ingénierie. "La proportion de filles était faible. En revanche, pour la première fois, dans ma promo, il y avait une élève inscrite en informatique. Pour ma part, j’étais en électricité et nous étions 10% de filles." À la fin de ce cursus, elle quitte son Borinage natal et débarque dans la Cité Ardente pour réaliser son stage et son mémoire au Centre Spatial de Liège. C’est dans la ville de bord de Meuse qu’elle poursuit son parcours par son doctorat et son entrée au FNRS.
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À savoir : l'Université de Liège est la seule du paysage francophone belge à proposer depuis une dizaine d’années un Master en sciences spatiales. Cette filière est accessible aux personnes des BAC en Sciences physiques et en Sciences de l’ingénieur·e ; des cursus qui ne comptent en moyenne que 20% de filles. Cependant, l’astronomie se révèle un domaine assez féminin. "La moitié des étudiants sont des étudiantes. Même chose au niveau des doctorats. Cependant, quand on passe au post doc, on tombe à un tiers de femmes. Ensuite, dans les postes permanents, selon les statistiques de l’International Astronomical Union, en Belgique nous ne sommes plus qu’à 20%."
Qu’est-ce qui explique cet écart ? Les réponses ne sont pas à décoder dans les étoiles, mais dans les stéréotypes de genre qui continuent d’influencer nos comportements sociaux. "Le post doc est une période où on doit être très productif·ve. Nous devons souvent partir à l’étranger. C’est aussi le moment, autour de 30 ans où les personnes commencent à s’installer... Beaucoup de chercheurs quittent le pays et sont suivis par leurs compagnes, mais le contraire reste plus rare..." Même logique à la naissance des enfants, sans un véritable soutien du co-parent et/ou de l’entourage et/ou de bonnes structures d’accueil de la petite enfance, difficile de garder le cap. Les obstacles sont multifactoriels. Le plafond de verre reste une réalité.
Qui découvrit la loi permettant d’arpenter l’Univers, qui trouva des phares dans l’espace, qui comprit le fonctionnement des forges stellaires ou qui bouleversa notre vision de l’Univers ? Encore et toujours des femmes