"Peut-on vivre sans téléphone pendant une putain d’heure ?". Excédé par des sonneries de portables, le chef d’orchestre canadien Yannick Nézet-Séguin a interrompu deux fois le concert qu’il donnait à Philadelphie et s’est adressé au public en lui demandant de respecter le travail des musiciens.
Ce samedi 6 mai dernier, Yannick Nézet-Séguin dirigeait l’Orchestre Philharmonique de Philadelphie – dont il est le directeur musical – dans la Symphonie n°9 de Bruckner. Une performance qui a été quelque peu perturbée par une série de sonneries de téléphone.
Alors que l’orchestre entamait les premières mesures du troisième (et très solennel) mouvement de la Symphonie n°9 de Bruckner, le chef d’orchestre canadien a interrompu le concert après avoir entendu plusieurs sonneries de téléphone. Il a tout d’abord fait une pause, attendant que les portables se taisent. L’orchestre avait à peine repris le troisième mouvement qu’une nouvelle sonnerie de téléphone s’est fait entendre, faisant sortir Yannick Nézet-Séguin de ses gonds. Il s’est tourné vers le public et a demandé :"Peut-on vivre sans téléphone pendant une putain d’heure ?", insistant sur le fait que le public avait payé pour vivre l’expérience d’un concert et que, par conséquent, "les téléphones pouvaient attendre".
Une sortie qui fut pour le moins efficace puisque la suite du concert s’est déroulée calmement, sans plus aucune sonnerie intempestive.
Interrogé par le Philadelphia Inquirer, Yannick Nézet-Séguin a expliqué qu’il s’était adressé au public car c’était le quatrième portable qui sonnait depuis le début du concert. Il a ajouté qu’il était conscient et heureux qu’un nouveau public vienne au concert : "nous essayons de les accueillir pour comprendre le pouvoir d’être ensemble dans un moment de silence et dans un moment de concentration complète sur la musique."
"C’est vrai que mon ton était peut-être un peu impatient", admet le chef d’orchestre canadien. "Je ne leur en veux pas, mais c’est plutôt pour éduquer – même si je n’aime pas ce terme - les gens qui viennent. Et devinez quoi, j’ai l’impression qu’après cela, tout le monde était encore plus concentré, et les applaudissements ravis ont tout dit après." Et de conclure "j’espère que nous pourrons continuer à accueillir nos nouveaux publics tout en les faisant adopter les rituels du concert."