C’est à tort que l’on croirait que Clara Schumann a composé un concerto pour piano en la mineur comme son mari. C’est Robert Schumann qui, en 1845, soutenu et poussé par elle, a composé un concerto comme sa femme : la jeune Clara Wieck avait déjà, en 1833 – elle avait 14 ans – écrit un concerto dans cette tonalité inhabituelle, concerto dont elle allait assurer elle-même la création deux ans plus tard à Leipzig sous la direction de Félix Mendelssohn. Un concerto dont Beatrice Rana, qui vient de les enregistrer tous les deux pour ce disque Warner, n’hésite pas à dire qu’il est plus difficile à jouer que celui du plus illustre mari.
Ce disque est remarquable, d’abord, parce qu’il donne à connaître ce concerto oublié, parce qu’il rend un peu de justice à une immense musicienne et parce qu’il remet les choses en perspectives. Dans une interview croisée publiée en annexe, les deux interprètes – la pianiste italienne et Yannick Nézet-Séguin, qui dirige avec intensité mais sans emphase l’Orchestre de chambre d’Europe – ne se privent pas de dire tout le bien qu’il faut penser de Clara Wieck, de son talent de pianiste, de ses qualités de compositrice et du rôle déterminant qu’elle joua dans la carrière de son mari. Mais c’est aussi un excellent disque de piano, avec une soliste qui maîtrise avec un égal bonheur les deux concertos, l’inconnu et le connu. Et on évite l’habituel couplage entre le concerto de Robert Schumann et celui de Grieg, également en la mineur.
CD Warner Classics