Youssef Swatt’s est définitivement un des artistes à suivre en 2022. Fièrement Tournaisien, ce jeune rappeur, considéré comme un prodige du genre, est ce mardi l’invité de Maxi dans l’émission "C’est quoi les bails ?", à l’occasion de la Belgian Music Week.
Ce rêveur né, à la punchline à la fois acerbe et poétique revient sur son parcours et sur ses ambitions pour l’avenir. Celui qui a sorti son deuxième album en 2020, "Poussières d’espoir", réalisé entièrement avec le beatmaker El Gaouli a largement de quoi nous remuer, nous secouer, dans tous les sens du terme.
Chez Maxi et pour la Belgian Music Week, il a décidé de nous interpréter son dernier titre "Remonter le temps", un son introspectif sur ce temps qui passe trop vite, sur cette vie qu’on peut avoir peur de ne pas avoir le temps de vivre. Dans ce titre il se livre, pour pouvoir mieux repartir. "C’est comme écrire une nouvelle page, enclencher un nouvel album, démarrer une nouvelle année. C’est un peu une façon de fermer la parenthèse et de passer à autre chose", a expliqué l’artiste, ce mardi.
Vers un nouvel album
Et c’est bel et bien une année prometteuse qui s’ouvre face à Youssef Swatt’s qui travaille actuellement sur son deuxième album, deux ans après "Poussières d’espoir". En effet, il nous a confié, "franchement j’étais en studio à Paris la semaine passée et je me suis rendu compte que l’album était quasiment terminé. C’était beaucoup de taf. Là on attend une piste, la piste d’un featuring que je fais avec un rappeur. C’est un gros nom, un des rappeurs préférés de mon enfance. Et après il sera fini".
J’ai toujours envie de taper fort sur les featuring
Maxi a beau l’avoir cuisiné, on ne sait toujours pas avec qui est ce featuring, qui pourrait bien nous faire mal à la tête. "C’est à l’ancienne […] il faisait partie de Time Bomb à l’époque mais je n’en dirais pas plus", a lâché timidement Youssef.
En même temps, il nous a habitués aux feats qui claquent ou qui étonnent, entre Roméo Elvis, Caballero & Jeanjass ou encore Salvatore Adamo. "Je fais très peu de collab'. Le premier album est sorti j’avais 17 ans. Et à l’époque j’avais eu un feat avec Seyté de la Smala. Et le morceau avec Seyté, pour moi, je n’en revenais même pas. Même mes potes n’en revenaient pas. Et ce morceau, il est resté environ deux ans dans mon téléphone avant de sortir, parce que je voulais vraiment qu’il soit dans les meilleures conditions. Mais oui, j’ai toujours envie de taper fort sur les featuring".
Mais le rappeur tournaisien ne s'arrête pas là. Jusqu'ici indépendant, il vient de signer en maison de disque. Malin, il a signé un contrat de licence, ce qui lui permet de garder toute sa liberté créative, en écriture comme en production mais d'avoir une équipe qui le suit et le soutient et surtout qui lui dégage du temps. Sans, "tu te retrouves vite à faire 90% de trucs qui n'ont rien à voir avec la musique (...) là ça me libère d'un poids. Un vrai rêve qui se réalise", nous a-t-il confié. Même si, avec ou sans, il aurait continué quoiqu'il arrive.
Le rap depuis l’enfance : chemin vers la maturité
Il faut dire que le rap, Youssef est tombé dedans quand il était petit. A 13 ans à peine, il commence à rapper. Du rap français, il en écoute depuis presque toujours. Et dès qu’il a su écrire c’est presque devenu une drogue, "impossible de s’en passer", dit-il. D'ailleurs aujourd'hui il anime des groupes d'écriture que soit dans les écoles, les maisons de jeunes, en prison ou ailleurs.
C’est à 15 ans que Youssef Swatt’s a sorti son premier EP, justement intitulé "l’Amorce". Et oui ce n'était qu'un début.
La scène c’est son oxygène, c’est là qu’il s’épanouit. D’ailleurs, chez celui pour qui la notion de rêve est quasi omniprésente dans ses textes, le fait de remonter sur scène se fait pressant : "moi je mesure beaucoup ça avec le contact avec le public. Donc mon rêve c’est surtout d’avoir beaucoup de concerts, de rencontrer un max de gens, que la musique puisse vivre d’une manière ou d’une autre. Et moi celle que je préfère c’est le live, c’est la scène, c’est ça que je kiffe".
Un rappeur à l’ancienne ?
Youssef Swatt’s dans ses textes, dans ses sons, il y a comme une odeur de boom-bap. Des textes forts, structurés au millimètre. Une sorte de rap conscient remanié version 2022. Loin de la drill, de la trap ou des nouveaux courants que le rapgame voit se développer ces dernières années.
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Il faut dire que le rap à l’ancienne, a, en ce moment, la côte. Une sorte de retour old school rafraîchissant qui fait du bien et qu’on peut entendre chez des artistes tels que Benjamin Epps ou encore PLK. "Je pense qu’aujourd’hui le rap s’est diversifié donc forcément il y a différentes écoles, pointe Youssef Swatt’s qui nous dit aussi que "chez tous les rappeurs, il y a une sorte de retours aux bases, de retours aux rudiments du rap français".
C’est contre-productif de vouloir s’enfermer dans un style
Pour lui, l’effervescence actuelle dans le rapgame, ce n’est que du bonheur. "Je trouve ça hyper cool qu’on soit devenu la putain de première culture, qu’on soit la plus influente, qu’on se vend, que nos artistes arrivent à vivre de ce qu’ils font, qu’ils soient respectés par les médias, respectés par la grande culture […] il faut être fier de tout ça".
Quand on vous parlait de maturité… Si aujourd’hui c’est le style plus à l’ancienne dans lequel Youssef kick clairement, il le dit "j’ai envie de m’ouvrir à plein de choses, je pense que c’est contre-productif de vouloir s’enfermer dans un style. Aujourd’hui il faut être fier de tout ce que le rap a accompli".
"En vrai, personne ne peut dire ça, c’est de la bonne ou ça, c’est de la mauvaise musique. C’est un débat qui n’a pas de sens".
Le 16 février, le rappeur sera en concert à Paris. Un concert organisé par Live Nation. Un moment important pour Youssef Swatt’s. "C’est le genre de concert, où au-delà du public il y aura tout un panel de professionnels qui sera là […] c’est un peu le jour de notre examen pour les artistes. C’est aussi le but de l’événement de pouvoir montrer le nouveau show, le nouveau spectacle, les nouveaux morceaux et pouvoir espérer que ça rapporte des opportunités derrière". Et c’est tout ce qu’on lui souhaite.