Il y a quelques jours, le monde du rallye était touché par un drame, le décès de Craig Breen après une sortie de route alors qu’il préparait le rallye de Croatie. Equipier de Thierry Neuville chez Hyundai Motorsport, le pilote irlandais de 33 ans ne participait qu’à certaines épreuves du championnat WRC cette saison et perdu la vie en faisant ce qu’il aimait le plus, piloter.
Pour revenir sur ce tragique accident et la passion de Craig Breen, Yves Matton était présent sur le plateau de 100% sport, lui qui l’a connu lors de son passage chez Citroën. "Il avait une sensibilité à fleur de peau par ce qu’il lui était arrivé par le passé. Le monde du sport à haut niveau, c’est dur et lui avait gardé ses valeurs. Et puis surtout, il était passionné de rallye, passionné de pilotage. Ça lui était venu de son papa qui était aussi pilote de rallye auparavant".
Craig Breen, c’était un grand sourire, une passion pour le sport auto et une motivation à toute épreuve : "Il voulait vraiment vivre cette passion. Il avait un peu un esprit de quelque chose qu’il devait accomplir étant donné ce qui lui était arrivé auparavant. Il voulait arriver au plus haut niveau et il était toujours heureux d’être là et heureux de pouvoir montrer que par rapport à son passé, il allait y arriver et atteindre son objectif".
Son passé, c’était un accident qui avait coûté la vie à son copilote, Gareth Robert, dit Jaffa, lors du rallye Targa Florio il y a plus de dix ans. "Un équipage, ce sont deux personnes qui vivent ensemble une grande partie de l’année. Ici, en plus c’était un ami d’enfance et ils avaient commencé leur carrière ensemble. Ils voulaient y arriver ensemble. A chaque moment où il faisait de belles choses, c’était avant tout dédié à son ami qu’il avait perdu", explique Yves Matton.
Le drame est marquant, d’autant plus que les accidents mortels sont devenus très rares en WRC. "Il y a plus de 15 ans qu’il y a eu un accident mortel mais c’est aussi parce que c’est le plus haut niveau de la discipline. Tout est étudié, mis en avant pour que la sécurité soit au plus haut niveau. Le risque zéro ne peut pas exister quand vous faites des compétitions en milieu naturel", reconnaît cependant l’ancien directeur de Citroën Racing.
Car pour éviter les accidents mortels, tout est étudié et les matériaux sont sans cesse étudiés, repensés, améliorés pour garantir un maximum de sécurité. Malgré tout, Yves Matton insiste sur le fait que le risque est toujours présent : "C’est en constante évolution, surtout ces voitures appelées Rallye 1 qui roulent en championnat du monde. Ce sont des voitures qui sont passées au crash test pour la première fois il y a quatre ans, comme on le fait pour des voitures de route. Et elles ont subi des évolutions. Mais il faut le répéter, ce sont des voitures qui sont en constante évolution au niveau de la sécurité mais le risque zéro ne peut pas exister quand vous roulez en milieu naturel. Et on l’a vu ici, les circonstances de l’accident, on ne peut pas revenir dessus pour le moment mais ce sont des circonstances qui sont dues au milieu naturel dans lequel ces pilotes évoluent".
Du côté des pilotes, l’accident est inévitablement marquant, mais la course continue et pour éviter le blocage, il faut directement se remettre dans le bain, en essayant d’éviter de repenser au décès de Craig Breen au moment de monter dans la voiture. "Quand vous évoluez à ce niveau-là, vous savez que le risque existe. Vous en êtes tout à fait conscient même si à certains moments on a tendance à l’oublier parce que les accidents sont assez rares à ce niveau-là. Mais vous le savez et la meilleure chose pour les pilotes qui ont vécu ce choc la semaine passée, c’est certainement de se remettre dans le bain, de recommencer à rouler, faire abstraction, se reconcentrer sur son pilotage et puis le métier doit continuer. A partir du moment où vous commencez à vous poser des questions sur le risque, ce n’est plus possible de continuer ce métier", conclut Yves Matton.