La défense aérienne de l’Ukraine est la priorité numéro une du moment, selon le Président ukrainien, pour se protéger des raids aériens en provenance de Russie. L’Ukraine vient d’ailleurs de recevoir son premier système de défense antiaérienne Iris-T livré par l’Allemagne. Les États-Unis ont promis de livrer des systèmes de missiles sol-air NASAMS (Norwegian Advanced Surface to Air Missile System). "Les NASAMS sont des missiles de fabrication norvégienne. Les États-Unis vont en faire l’acquisition pour ensuite intégrer leur propre vecteur, un missile de fabrication américaine, dans le dispositif norvégien pour le livrer aux Ukrainiens", explique Alain De Neve, chercheur à l’Institut Royal de Défense.
Il semble que la Russie possède encore une quantité de missiles de précision
De quoi former ce qu’on appelle un bouclier aérien au-dessus de l’Ukraine. Un "dôme de fer" similaire à celui qui protège par exemple Israël. "Ici, on parle de missiles de moyenne portée, de 180 kilomètres d’allonge. C’est un système qui est constitué d’un poste de tir qui lance le missile ainsi qu’un système de commandement et d’un radar. Ces 3 éléments opèrent ensemble pour repérer un missile entrant, le suivre et le traquer. C’est-à-dire le poursuivre et ensuite, l’atteindre, le frapper. C’est ce qu’on appelle du Hit To Kill", détaille Alain De Neve.
"Plusieurs missiles peuvent être lancés en même temps. Tout dépend du nombre de missiles entrants. Ce sont des armements de défense de haute précision, on est dans un niveau de technologie assez avancé", précise le chercheur. Même si bien sûr, il peut y avoir des erreurs de calcul ou des missiles entrants disposant d’une capacité d’hypervélocité ou d’hypermanoeuvre, "c’est-à-dire qu’au dernier moment, le missile peut changer de direction. Mais le taux d’efficacité reste assez élevé".
Pour Alain De Neve, un bouclier aérien est plus que nécessaire pour protéger le territoire ukrainien : "On pensait que la Russie avait quelques difficultés de stock au niveau de ces missiles de précision. Apparemment, il semble qu’elle en possède encore une quantité importante. Mais on a une mauvaise connaissance des stocks de missiles de précision qui existent. Certains de ces missiles ont été utilisés en Syrie et la Russie est aussi confrontée au manque de semi-conducteurs, dans le cadre des sanctions de 2014 et depuis le début de leurs opérations militaires en Ukraine. Cela empêche littéralement la Russie de disposer des semi-conducteurs dont elle a besoin, détaille le chercheur de l’IRSD, qui comme d’autres experts, a été étonné de la riposte russe : "Nous avons été surpris du nombre de missiles qui ont été tirés. Mais à un moment, les semi-conducteurs vont poser problème. Des soldats ukrainiens ont retrouvé des semi-conducteurs de machine à laver dans des équipements russes", indique l’expert.
Ces systèmes de défense aérienne ne peuvent pas être tous déployés en Ukraine en même temps en raison de leur coût, assez élevé, à plusieurs millions d’euros. Deux premiers systèmes seront livrés et suivront ensuite de nouvelles commandes passées par Kiev.