Deux ans après son décès, l’ombre du président Robert Mugabe (1987-2017) continue de planer sur le Zimbabwe. Dernier rebondissement en date : l’exhumation de sa dépouille, réclamée par un chef traditionnel et approuvée par la justice du pays. Lors de sa mort en 2019, la question avait divisé le pays : où fallait-il enterrer l’ancien président, au bilan catastrophique sur le plan économique et celui des droits humains, et considéré comme un des pires dictateurs d’Afrique ? Finalement, à la demande de la famille, ce dernier avait eu droit à une sépulture dans son village natal de Kutama, à une soixantaine de kilomètres à l’ouest de la capitale Harare.
Mais en mai dernier, un chef coutumier du district de Zvimba a statué que cela n’était pas conforme à la tradition : Robert Mugabe devait être enterré, selon lui, dans le monument aux héros nationaux de Harare. Quant à la veuve de l’ancien président, Grace Mugabe, son audace lui a valu une amende de cinq vaches et une chèvre. Mais pour Leo Mugabe, neveu et porte-parole de la famille, hors de question de déménager le "Vieux Lion". "Ce chef traditionnel n’a pas de juridiction à Kutama, affirmait-il à Reuters. Et même si c’était le cas, nous irons en justice."
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Mais au-delà de la question purement traditionnelle, certains voient dans le transfert de la dépouille de celui qui a régné sans partage sur le Zimbabwe pendant trente ans une tentative de récupération politique. En 2019, la famille avait dû engager un bras de fer avec le gouvernement d’Emmerson Mnangagwa, successeur de Mugabe, qui avait participé à sa destitution avec l’appui du parti unique, la Zanu-PF. Ce dernier voulait voir Mugabe rejoindre le panthéon des héros, même si, selon le journal sud-africain Sunday Times, le dernier souhait du "Vieux Lion" était de ne pas "reposer avec ses bourreaux."